Le 14e festival Fantasia débute ce soir avec la première canadienne du Sorcerer's Apprentice, le nouveau film de Disney, qui prend officiellement l'affiche en salle la semaine prochaine. Pour le festival de cinéma le plus fantastique en ville, qui nous a surtout habitués à des productions marginales, cette grosse prise commerciale confirme un virage plus accessible (et plus facilement «subventionnable») amorcé depuis quelques années déjà.

Mais n'allez pas croire que Fantasia délaisse pour autant les films asiatiques ou le cinéma d'horreur qui ont fait sa réputation. La preuve par ce dégoûtant documentaire sur le parrain du gore Herschell Gordon Lewis, qui sera présenté demain soir à 22h en première mondiale, au Théâtre Hall de l'Université Concordia.

Roi de la série B, Lewis a fait sa marque au début des années 60, avec des films d'horreur qui ont marqué leur époque. Tourné en 1963 pour seulement 20 000$, son classique Blood Feast fut en effet le premier long métrage à exploiter la veine gore avec autant d'acharnement. Idem pour son successeur, Two Thousand Maniacs, qui reste selon lui sa meilleure réalisation. Bras coupés, tripes sanguinolantes, yeux perforés, cannibalisme... on n'avait jamais rien vu de tel au grand écran. Et c'est justement pourquoi ces deux navets en super technicolor (quel rouge!) ont connu à l'époque un bon succès, malgré le jeu pitoyable de ses comédiens et les tentatives de censure des autorités.

Coréalisé par Frank Henenlotter (Basket Case, Bad Biology), le documentaire ragoûtant, truffé de films d'archives et d'entrevues avec des «goremaniaques» (John Waters entre autres) raconte comment les films vicieux de Lewis ont radicalisé le cinéma d'horreur et préfiguré des bijoux du genre comme Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13 ou Halloween. On y apprend, en outre, qu'il fut le premier cinéaste à exploiter le placement de produit, en intégrant des barils de poulet frit Kentucky dans la moitié de ses films!

Dommage que cet hommage s'arrête en 1972, avec un retour sur Gore Gore Girls, l'ultime orgie sanglante d'Herschell Lewis. On aurait bien aimé savoir ce que ce précurseur, aussi génial que pervers et misogyne, a fait de sa peau par la suite. Wikipedia nous apprend qu'il fut scénariste jusqu'au début des années 80. Mais depuis? Eh bien, demandons-lui, puisqu'il sera l'invité de Fantasia demain soir! À noter qu'une projection de Blood Feast suivra le documentaire.

Herschell Gordon Lewis, vendredi 22h au Théâtre Hall, 1455 de Maisonneuve Ouest