Le président de la SODEC, François Macerola, présentera début octobre au ministère de la Culture une proposition afin de dénouer l'impasse du cinéma Parallèle, a appris La Presse. Le plan de 7,2 millions comprendra l'acquisition des trois salles de cinéma d'eXcentris.

À la suite du rejet, en juin, par la ministre Christine St-Pierre, du plan initial de 12 millions pour créer cinq salles à eXcentris, un comité formé de la SODEC, du ministère et du Parallèle a travaillé cet été «à l'élaboration d'une nouvelle proposition à soumettre à la ministre», explique Caroline Masse, directrice générale du Parallèle.

Mme Masse dit que François Macerola est en train de «peaufiner» la proposition. Elle sera remise au chef de cabinet de la ministre, Philippe Cannon, début octobre. «Le projet déposé est d'acquérir les trois salles mais on ne renonce pas au projet des cinq salles, on verra plus tard, dit Caroline Masse. La demande gouvernementale serait autour de 7,2 millions.»

Une telle demande a-t-elle des chances d'être honorée? «Je sens qu'il y a une réelle volonté de la part des intervenants mais le pouvoir ne repose pas entièrement dans leurs mains», dit Mme Masse.

Quel sera le mode de financement du projet? Ni M. Macerola ni Daniel Langlois, grand patron d'eXcentris, n'ont rappelé La Presse, hier, à ce sujet. La SODEC est aussi une banque d'affaires disposant d'un capital qui peut s'investir en garantie de prêts. En accord avec son conseil d'administration et en partenariat avec eXcentris, elle pourrait soutenir ce projet dans un jeu de prêts et de subventions à définir.

Parallèlement au plan, le Parallèle devra organiser une campagne de financement populaire et corporative afin de donner un peu de souplesse à l'organisme dans les premiers temps s'il faut éponger un déficit les premières années. Une nouvelle gouvernance du Parallèle serait aussi mise sur pied.

«Si le plan est refusé, la SODEC sera dans une impasse, nous dit une source du milieu culturel. Mais Québec peut-il politiquement refuser une telle bouffée d'oxygène pour l'économie montréalaise et pour le cinéma? Surtout avec ce qu'on a dit sur Toronto, une fermeture du Parallèle serait dramatique et très négative pour l'image du gouvernement libéral.»

Peut-on se permettre un échec? «J'aurais tendance à dire non, dit Caroline Masse. Le Bell Lightbox, à Toronto, est un paquebot très impressionnant. Ils ont un véhicule extraordinaire pour le cinéma d'auteurs. Une des forces de ce projet a été une synergie d'efforts financiers. Difficile de comparer avec ici. Moi, ma priorité c'est que les trois salles rouvrent le plus rapidement possible. On va allumer des chandelles à l'Oratoire!»

Mme Masse dit que s'il y a impasse, ce sera «grave» pour Montréal. «Déjà deux ans ont passé et ç'a été très dur pour l'industrie. Dans ce cas, beaucoup de distributeurs pourraient ne plus être là dans un an car ils ont besoin d'écrans pour diffuser les oeuvres. Et pour les cinéastes et les producteurs, ce serait très dur aussi. À Toronto, le Lighbox va sortir Uncle Boonmee, la palme d'or de Cannes dans les jours qui viennent. Mais pas Montréal. C'est le renversement des mondes car ce n'était pas comme ça il y a seulement deux ans.»