Le cinéma 3D a vécu une progression fulgurante au Québec au cours de la dernière année, alors que les recettes des films québécois ont subi un fléchissement palpable.

Dans un cas comme dans l'autre, il fallait s'attendre à un tel phénomène, estime Annie Tremblay, vice-présidente aux communications chez Alliance Vivafilm.

«Les gens vont au cinéma pour vivre une expérience. Or, avec le fait que de plus de gens achètent des télévisions à grand écran, il fallait leur offrir une nouvelle expérience de cinéma. C'est ce qu'offre le 3D», dit-elle.

Mme Tremblay fait remarquer que dans la foulée, certains classiques du cinéma sont refaits pour le 3D. C'est le cas de La guerre des tuques d'André Melançon, que Les Productions La Fête, la société de Roch Demers, projette de refaire en une animation 3D.

Selon l'organisme Cinéac, spécialisé dans la compilation des statistiques au box-office, le cinéma 3D a engrangé 27,8% des recettes en salle au cours de la dernière année. 27 titres ont accumulé des recettes de près de 58,7 millions, comparativement à 15 titres et 20,4 millions (10% des recettes) en 2009.

À lui seul, le film Avatar de James Cameron a cumulé des recettes de 15,4 millions dans la province au cours des 12 derniers mois. Ce long métrage, le plus populaire de l'année au grand écran, était présenté en versions 2D et 3D.

Québec: pas de phénomène

Quant au cinéma québécois, il n'aura pas connu, au cours de 2010, un phénomène de l'ampleur du film De père en flic qui, en 2009, avait récolté des recettes historiques de plus de 10 millions.

Résultat, le cinéma québécois a pris 8,8% des parts de marché (18,6 millions) en 2010, comparativement à 12,8% (26,2 millions) en 2009.

«On avait eu une année exceptionnelle en 2009, dit Annie Tremblay. On revient à une tangente plus normale. Des parts de marché de 8,8%, c'est sans doute un peu faible, mais le film L'appât, sorti à la fin de 2010, continue à accumuler les recettes.»

Les 15 dernières années montrent une progression très nette du cinéma québécois entre 1996 (2,7% des parts de marché) et 2005 (18,2%) pour ensuite connaître une baisse, sauf en 2009. L'année 2010 est la moins bonne depuis 2002.

«Lorsqu'on atteint 10% des parts de marché, c'est bon, indique Pascale Dubé de Cinéac. Avec la proximité du marché américain, la compétition est féroce. Le 8,8% de 2010 s'explique entre autres par le fait que certains gros titres tels Filière 13, Le poil de la bête et Le baiser du barbu ont moins bien fait qu'attendu.»

«Beaucoup de facteurs expliquent le résultat des recettes, indique Annie Tremblay. Une belle température peut faire très mal à la sortie d'un film, le premier week-end.»

Piché, grand gagnant

Sorti au milieu de l'été, Piché - Entre ciel et terre est le grand gagnant des films québécois. Non seulement il termine au sommet du top 10 des films d'ici, mais il se glisse aussi au 10e rang du top 10 des films, toutes provenances confondues. Ses recettes ont atteint 3,6 millions de dollars.

Pour les films québécois, Piché est suivi d'Incendies (2,6 millions de dollars), Lance et compte (2,3 millions), Filière 13 (1,8 million), Les 7 jours du talion (1,06 million) et Le journal d'Aurélie Laflamme (1,05 million). Suivent Céline autour du monde, L'enfant prodige, L'Appât et Y'en aura pas de facile, tous en bas du million de recettes.