Le très attendu The Tree of Life de Terrence Malick, l’un des deux films présentés en compétition lundi au Festival de Cannes avec L’Apollonide: Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello, a reçu un accueil contrasté, entre huées et applaudissements.

Le réalisateur américain, qui a la réputation d’être très timide, n'est pas venu à la conférence de presse, laissant le soin à ses acteurs, dont Brad Pitt et Sean Penn, de répondre aux questions des journalistes.

«M. Malick est très timide et je crois pouvoir dire que son travail parle pour lui», a commenté une productrice du long-métrage, Sarah Green.

«Je ne sais pas pourquoi les gens qui font des choses dans notre domaine sont ensuite obligés de les vendre», a renchéri Brad Pitt. «C’est une chose bizarre pour un artiste de commencer quelque chose et de se comporter après comme un vendeur.»

Les organisateurs du Festival de Cannes avaient espéré présenter le film en avant-première il y a un an, mais il n’était pas prêt. Les producteurs de The Tree of Life ont assuré que le long-métrage n’avait pas changé de façon significative depuis un an. Le réalisateur avait juste besoin de davantage de temps.

The Tree of Life est seulement le cinquième film de Terrence Malick en près de 40 ans de carrière et son premier à Cannes depuis Les Moissons du ciel, en 1979, qui avait remporté le prix de la mise en scène. Il a également réalisé La Balade sauvage (1973), The Red Line (1998, Ours d’or à Berlin) et The New World (2005).

L’action de son nouveau film, qui doit sortir en juin au Québec, se passe dans le Texas des années 1950. Brad Pitt incarne un père de famille à la fois tendre et autoritaire, marié à une femme (Jessica Chastain) qui adore ses trois fils. Sean Penn joue le rôle de l’aîné qui, devenu adulte, réfléchit aux personnes et aux moments qui l’ont marqué dans son enfance.

«J’ai un peu hésité à jouer le père oppresseur, mais j’ai senti que l’histoire était très importante, et pour moi, il s’agissait vraiment du parcours de l’enfant», a souligné Brad Pitt, qui a également produit The Tree of Life.

Une partie des festivaliers cannois ont trouvé le film profondément troublant. D’autres ont estimé que Terrence Malick dépassait les bornes en présentant de longues séquences sans montrer le moindre visage humain.

Autre film présenté lundi en compétition: L’Apollonide: Souvenirs de la maison close du réalisateur français Bertrand Bonello, qui aborde une nouvelle fois le thème de la sexualité. Sa première création, Le pornographe, avec Jean-Pierre Léaud, avait déjà suscité une polémique à Cannes en 2001 par son aspect sulfureux.

En 2003, son deuxième long-métrage, Tiresia, dans lequel il évoquait l’itinéraire d’un transexuel brésilien, avait été présenté en compétition. Il a également réalisé De la guerre en 2008.

Dans L’Apollonide: Souvenirs de la maison close, qui met notamment en vedette Noémie Lvovsky, Hafsia Herzi, Jasmine Trinca, Xavier Beauvois et Jacques Nolot, Bertrand Bonello raconte l’histoire de prostituées, dont l’une a le visage balafré par une cicatrice, vivant dans une maison close, à Paris, au début du XXe siècle.

Les scènes de nu n’ont semble-t-il pas été compliquées à jouer pour les comédiennes qui incarnent les filles de joie. «Ça n’a pas été difficile parce qu’on était comme en famille. Il n’y pas eu de pudeur, on a rigolé, on était toutes dans le même cas. On aurait pas fait le film si on avait eu un problème avec ça», a affirmé Hafsia Herzi, qui est également à l’affiche dans un autre film présenté en compétition, La source des femmes, du cinéaste franco-roumain Radu Mihaileanu.

Bertrand Bonello a raconté pour sa part que, dans l’une des premières scènes tournées, les actrices se trouvaient toutes seins nues dans une antichambre, ce qui les avait immédiatement mises dans l’ambiance. «Ce qui était important, c’est qu’elle ne se sentent pas nues, que ce soit absolument normal. Ne pas jouer la nudité comme quelque chose d’extraordinaire, mais d’absolument banal», a-t-il expliqué.

La compétition se poursuivra mardi avec la projection de Pater du Français Alain Cavalier et Le Havre du Finlandais Aki Kaurismäki. Le complexe du castor (The Beaver) de Jodie Foster sera présenté hors compétition.