L’engouement est tel qu’il serait fou de croire que la «Pottermania» prendra fin avec le passage en salle de Harry Potter et les reliques de la mort – 2e partie de David Yates, huitième et dernière adaptation des romans de J.K. Rowling. Mais avec ce film se produit une tombée de rideau «historique» sur une série qui s’est étalée sur 10 ans, a conservé ses vedettes du début à la fin et a jusqu’ici rapporté plus de 6 milliards au box-office. Rencontre avec les artisans d’un succès planétaire… qui ne doit rien (ou presque) à la magie.

Bien de l’eau a coulé sous les ponts – et bien des dollars se sont empilés dans les coffres de Warner – depuis l’époque où le producteur David Heyman s’est fait refuser un contrat englobant les deux premières adaptations des romans de J.K. Rowling. Rencontré à Londres l’automne dernier, quelques jours avant la sortie de Harry Potter et les reliques de la mort – 1re partie, il a admis avoir «été incroyablement nerveux» quant à la suite des choses jusqu’à la première mondiale de Harry Potter à l’école des sorciers de Chris Columbus, dans un Londres vibrant sous la frénésie «pottermaniaque» en 2001.

Du jamais-vu. Enfin, jusqu’à cette semaine, où, jeudi, la première mondiale de la seconde partie du dernier film a transformé Leicester Square en une manière de Poudlard. Un Poudlard en fête, il va sans dire, et non victime des foudres de Voldemort et de ses Mangemorts, comme c’est le cas dans Harry Potter et les reliques de la mort – 2e partie.

Un film que son réalisateur David Yates, celui qui a été à la barre des quatre derniers opus de la saga, qualifie «d’opéra épique, avec de grands combats», par comparaison au premier volet, «plus intime».

À l’ouverture de cet ultime passage dans l’univers des sorciers et des Moldus – qui, selon toutes les prédictions (après tout, nous sommes dans le monde des magiciens), devrait battre tous les records au box-office, entre autres celui du meilleur premier week-end établi en Amérique du Nord par The Dark Knight (158,4 millions) –, Harry et Voldemort sont dans des états d’esprit diamétralement opposés.

Duel ultime

Harry vient d’enterrer Dobby, tué par Bellatrix. C’est, pour lui, la perte de l’innocence. Il est écrasé par le chagrin, mais aussi, plus que jamais décidé à exterminer Voldemort. Ce dernier, par contre, exulte: il a en main la toute-puissante baguette de sureau et il a peu de doutes quant à l’issue de son prochain affrontement avec le jeune sorcier.

La destruction, de lieux et de gens, est de ce programme… en 3D. Ouch! Le spectre de la conversion se met ici à planer. Après tout, Warner est aussi le studio à l’origine du pire exemple de conversion de 2D à 3D: Clash of the Titans. Là-dessus, David Yates, de sa voix douce et calme, se fait rassurant:

«Il nous manquait deux ou trois mois pour faire une bonne conversion du premier film, avoue-t-il, nous l’avons donc sorti en 2D. Mais nous avons [eu] le temps nécessaire pour travailler à la conversion de la seconde partie.»

Qui, assure-t-il, se prête bien à la troisième dimension. Par l’ampleur de ses scènes. Par l’abondance de ses plans larges. Il a travaillé, explique-t-il, un peu à la manière d’un compositeur œuvrant sur une trame sonore.

«Il est possible d’y aller en nuances avec le 3D, de façon à épouser les émotions du moment, comme cela se fait avec la musique. L’un et l’autre ont, parfois, une raison de se trouver au premier plan. Mais parfois, leur utilisation doit être plus subtile», explique-t-il.

Nuances du 3D

Ces jeux de nuances, affirme Yates, sont faisables aujourd’hui «tant la technologie a évolué et continue d’évoluer de jour en jour». C’était essentiel pour lui et pour les autres artisans des Harry Potter. À leurs yeux, une raison, une seule, justifie l’utilisation du 3D: «Faire un meilleur film.» Ce n’est pas sorcier, hein?

À ne pas manquer mardi et mercredi prochains, notre reportage réalisé de New York.

Harry Potter and the Deathly Hallows – Part 2 (Harry Potter et les reliques de la mort – 2e partie) prend l’affiche le 15 juillet.