Porte-parole de Fantasia, Sébastien Diaz est un amoureux du cinéma de genre. Il en a fait la preuve avec un enthousiasme contagieux le jour du dévoilement de la programmation du festival. La Presse est allée au cinéma avec lui. Rencontre avant, pendant et après un film de kung-fu.

Les lumières du théâtre Hall de l'Université Concordia sont en train de s'éteindre et le grand écran, sur le point de s'illuminer lorsque Sébastien Diaz nous glisse à l'oreille: «J'ai cherché un peu et en Chine, le film s'appelle Kung Fu Jungle alors qu'ici, il s'intitule Kung Fu Killer

Ce qui peut paraître un microdétail pour le commun des mortels n'en est pas un pour Sébastien Diaz, amateur fou de films de genre, qui, plus jeune, a vécu sa période Bruce Lee.

Et on peut parier qu'une fois retourné à la maison, l'animateur, chroniqueur et réalisateur fouillera sur le Net, dans ses livres et ses revues spécialisées afin d'essayer d'en savoir davantage sur le film, son réalisateur, ses acteurs et son changement de titre.

«Je suis obsédé par tout ce qui se fait. Je lis de façon compulsive. Je suis un geek. Moi, les artisans de films de genre sont mes héros comme les joueurs de hockey le sont pour d'autres», dit-il quelques minutes avant la projection du long métrage de Teddy Chan.

Les films d'arts martiaux ne constituent pas son genre favori. Il préfère les films d'horreur. D'ailleurs, tout de suite après notre visionnement, il ira se remettre en ligne avec quelques amis pour assister à la projection de The Hallow, film d'épouvante de Corin Hardy.

«Sébastien est le plus grand fan de films d'horreur que je connaisse, dit son ami Benoit Breault assis à nos côtés. Tu n'as qu'à regarder son compte Instagram pour voir qu'il s'intéresse à tout.»

Années 80

Né au début des années 80, Diaz voue, comme tout amateur de films de genre qui se respecte, une admiration sans bornes au cinéma de cette décennie qui correspond à l'ère du VHS. Et puis, il y a aussi l'influence du paternel, d'origine mexicaine, que Sébastien et son frère cadet Miguel emmènent encore en salle pour voir un bon film d'horreur.

«J'avais 9 ans quand mon père m'a fait écouter L'exorciste en cachette de ma mère. Un soir, elle était sortie et nous avons écouté le film.»

Son premier gros coup de coeur n'a cependant pas été pour un film mais pour un vidéoclip, célèbre entre tous, celui de Thriller de Michael Jackson. «C'est quand même John Landis [réalisateur britannique] qui a fait ce vidéo. On y trouve des codes de son célèbre film An American Werewolf in London

Fantasia? Dans son souvenir, Sébastien Diaz y est allé lors de la deuxième édition pour se farcir un film de Lucio Fulci ainsi que Cannibal Ferox, oeuvre d'Umberto Lenzi censurée dans de nombreux pays. Depuis, il n'a jamais raté une édition du festival.

C'est d'ailleurs après avoir lu dans La Presse une entrevue où il disait qu'un de ses rêves secrets était d'être porte-parole de Fantasia que les organisateurs lui ont proposé le rôle. «Ah! J'ai fait ce souhait sur plusieurs tribunes, répond Diaz lorsqu'on lui rapporte l'anecdote. Ici, je me sens en famille.»

Parlant de la famille, il reconnaît que depuis qu'il est papa (sa conjointe Bianca Gervais et lui ont eu leur premier enfant en avril 2014), il est plus difficile de consommer autant de cinéma qu'auparavant. «J'écoute mes films tard, le soir, quand Bianca est couchée, lance-t-il. Parfois, je mets cinq séances pour regarder un seul film.»

Mais peu importe pour cet hyperactif dont la boulimie filmique n'est pas près de s'estomper. D'ailleurs, il dit caresser l'idée de faire lui-même un film d'horreur. «J'ai en tête de faire une oeuvre gothique se passant en banlieue», dit-il.

Le temps de faire l'entrevue, la salle de presque 800 places s'est remplie. Le public, mâle, jeune et râleur, s'en donne à coeur joie. La salle est déjà surchauffée et explosera de joie et de rires à plusieurs reprises pendant la projection. Sébastien Diaz adore cette ambiance endiablée. «C'est pour ça que j'aime ce festival. Ici, le cinéma, on le fête!»

La fin du film arrive. Qu'en a pensé notre porte-parole? «J'aurais aimé qu'il y ait encore plus d'action, dit-il en souriant. Mais la finale était bonne. L'attente en valait la peine.»

Alors qu'il nous parle, le générique du film défile en anglais et en mandarin. Et, presque à la toute fin de celui-ci, on lit que, effectivement, le titre original de l'oeuvre était Kung Fu Jungle...