Le nouveau patron du premier festival de cinéma d'Asie, Kim Dong-Ho, a appelé jeudi à la levée des menaces de boycottage de réalisateurs, promettant une réforme pour garantir sa liberté artistique.

«Je m'assurerai que personne ne se mêle de la sélection des films, l'aspect le plus fondamental du festival, à part les programmateurs et le directeur», a-t-il assuré à Séoul lors d'une conférence de presse.

«Notre principe ancien d'indépendance et d'autonomie sera protégé. Je m'assurerai aussi que la sélection des films se déroule sans accrocs».

Le Festival international du film de Busan (Biff), en Corée du Sud, est englué dans un conflit dur avec la municipalité de cette localité portuaire depuis la présentation en 2014 d'un documentaire controversé sur le naufrage meurtrier du ferry Sewol.

Ce documentaire, Diving Bell, également intitulé The Truth Shall Not Sink With Sewol fustigeait sans concessions la gestion par le gouvernement et l'inefficacité des secours lors du naufrage qui avait fait 304 morts, dont 250 lycéens, en avril 2014.

Depuis, de multiples enquêtes visant le comité organisateur du Biff ont été ouvertes, le directeur artistique du Biff, Lee Yong-Kwan, a été acculé au départ, et les subventions publiques ont subi des baisses inédites en 2015, ce qui a été pris comme une attaque contre l'indépendance du festival.

En réaction, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a rédigé une lettre ouverte au maire de Busan, Suh Byung-Hoo, signé par une centaine de personnalités du cinéma, notamment le directeur artistique de la Mostra de Venise Alberto Barbera, le président de la Berlinale Dieter Kosslick, des responsables des festivals de Toronto, Tribeca (New York), Tokyo, Sydney, Osaka, Varsovie.

Et de multiples associations de cinéastes sud-coréens ont menacé de boycotter la prochaine édition, qui se tiendra en octobre.

Kim Dong-Ho, 78 ans, a été nommé pour tenter d'apaiser la situation par la municipalité de Busan, principal partenaire du Biff. Il remplace à la présidence du comité Suh Byung-Soo, le maire de la ville de Busan, au coeur de la controverse. M. Suh avait jugé le documentaire «trop politique», avant la réduction des financements du festival et des enquêtes contre Lee Yong-Kwan.