Heille! Voilà en gros ce qu'on aurait eu envie de crier à ceux qui ont pondu la suite d'Independence Day, 20 ans après l'original, qui, sans être Le cuirassé Potemkine, avait le mérite d'être divertissant, en grande partie grâce à Will Smith.

Vingt ans, pensez-y. Sept mille trois cents jours.

Dans ce laps de temps, Justin Bieber a eu le temps de muer et se faire tatouer, ben Laden a été révélé, traqué puis éliminé, la Grande-Bretagne a cohabité quelques années avec l'Union européenne, de l'eau a été trouvée sur Mars et Facebook a été inventé pour permettre aux adeptes de jogging de se vanter.

Et alors vous? Oui, vous (je m'adresse à vous, artisans du film qui lisez religieusement La Presse)! Pendant tout ce temps-là, vous n'avez pu proposer quelque chose de mieux?

Le sujet était pourtant prometteur, non? Des extraterrestres qui envahissent la Terre. Il me semble qu'il y a moyen de se lâcher lousse, surtout si on reçoit un budget d'environ 200 millions.

Juste d'imaginer que cet argent aurait pu soulager un peu la famine dans le monde ou servir à donner deux ou trois coups de pinceau dans les écoles publiques de Montréal est enrageant.

Enfin, deux décennies ont passé depuis la victoire de la Terre contre les envahisseurs extraterrestres à tentacules, avides de ressources naturelles et de destruction.

Grâce aux artefacts extraterrestres trouvés, les humains ont fait de grandes avancées technologiques, avec vaisseaux spatiaux, armements et tutti quanti. Si bien qu'une balade sur la Lune semble devenue aussi banale qu'un trajet en Téo taxi jusqu'au Marché des possibles.

C'est dans ce contexte futuriste que s'amorce «l'histoire».

On découvre une génération bien au fait que nous ne sommes pas seuls dans l'univers et préparée à défendre la Terre en cas de nouvelle invasion.

Les nouveaux héros sont Dylan Hillier (Jessie T. Usher) et Patricia Whitmore (Maika Monroe), respectivement les rejetons du personnage de Will Smith et de l'ancien président Whitmore (Bill Pullman, qui reprend du service avec une barbe). S'ajoutent à ça le traditionnel pilote bourré de talents aux méthodes peu orthodoxes (Liam Hemsworth) et une flopée de nouveaux visages.

Mince consolation: le retour de Jeff Goldblum qui reprend son rôle de scientifique, aux côtés d'une psychiatre (pourquoi!) personnifiée par une Charlotte Gainsbourg qui a visiblement besoin d'argent.

Bref, les extraterrestres reviennent avec un vaisseau tellement gros qu'il couvre l'étendue de l'océan Atlantique.

Les pilotes chargés de défendre la Terre n'ont pas vu le premier film puisqu'ils tombent des nues en découvrant l'existence d'un bouclier antimissile en bombardant puérilement le gros vaisseau.

Le scénario est si mince que les manoeuvres et les poursuites de vaisseaux finissent par prendre presque toute la place.

Oh! il y a bien sûr plusieurs petites intrigues simultanées - une formule gagnante dans Star Wars - mais le hic, c'est qu'on ne s'intéresse pas vraiment à aucune d'elles.

- Le père de l'autre qui conduit des enfants dans un autobus dans le désert du Nevada vers la Zone 51: c'est non!

- La tension sexuelle entre le comique de service qui kiffe sur la pilote asiatique: c'est non!

- La bluette sentimentale entre le pilote rebelle-qui-fait-pipi-devant-les-extraterrestres-pour-les-provoquer et sa blonde: c'est non!

- Les bouddhistes au sommet d'une montagne qui écoutent, grâce à une radio éclairée à la chandelle, le président américain y aller de son ode patriotique pour la survie de l'humanité: c'est non!

Bref, tout est confus, tiré par les cheveux et construit uniquement dans le but d'en mettre plein la vue avec des effets spéciaux à saveur apocalyptique, une spécialité du réalisateur Roland Emmerich, qui a réussi à faire pire que son film-catastrophe (c'est le cas de le dire) 2012.

En somme, la seule chose qu'on souhaite intérieurement, c'est une victoire extraterrestre, une destruction totale de la Terre une fois pour toutes, question de faire payer les humains d'avoir mis sur le marché un tel bide cinématographique.

Mais malheureusement, l'humanité l'emporte encore. Et la fin du film ouvre la porte à une suite... De grâce, extraterrestres, ressaisissez-vous!

*

Independence DayResurgence (V.F.: Independence Day: Résurgence). Science-fiction de Roland Emmerich. Avec Liam Hemsworth, Jeff Goldblum, Bill Pullman. 2 h.

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Image fournie par Twentieth Century Fox