Il y a eu Jeanne, maintenant il y a Neale. Contrairement à la célèbre pucelle, Neale Donald Walsh ne trempe pas dans des complots géostratégiques. Mais comme elle, il entend des voix. Ou plutôt une voix : celle du Seigneur.

Chez Neale, la voix grave et paternelle du divin Créateur se met à résonner dans son salon un soir de désespoir. D'humeur bavarde, Dieu lui donne quelques tuyaux pour gérer au mieux sa vie, et tant qu'à faire, celle de ceux qui ont besoin d'un remontant mystique.

N'importe où dans le monde, pareil postulat vaudrait à son auteur un aller simple pour les urgences psychiatriques, département schizophrénie et trouble de la personnalité. Pas aux États-Unis, où Neale Donald Walsh a pu publier un livre, Conversations with God, écoulé à 7 millions d'exemplaires, et traduit depuis dans plus de 34 pays.

Film biographique, Conversations with God suit la longue descente aux enfers de Neale (Henry Czerny, vu dans des productions moins orthodoxes telles que Mission Impossible). Victime d'un accident, il perd petit à petit son travail, son appartement, et même sa dignité puisqu'il se retrouve bientôt à faire les poubelles pour se nourrir.

Bientôt, la chance lui sourit à nouveau. Il se trouve un boulot, un toit, une vie. Puis recommence à tout perdre. D'où une (légitime) exaspération et un (inattendu) dénouement mystico-religieux.

Comme les voies du Seigneur, les intentions du producteur et réalisateur, Stephen Simons, sont très pénétrables. Il s'agit de montrer, à travers sa longue (et réaliste) descente aux enfers (dans la rue, en l'occurrence) comment Dieu a rendu la foi à Neale Donald Walsh. Et comment le créneau peut devenir rentable à Hollywood si les fidèles se délestent de quelques dollars pour aller voir le film.

Le spectateur qui n'est ni un fervent pratiquant ou un fidèle croyant perdra lui bien vite la foi dans les qualités cinématographiques dudit film, qui ressemble à s'y méprendre à une publicité pour les Témoins de Jéhovah ou tout autre groupe religieux empruntant une esthétique à base de barbes, de cols roulés et de discussions dans des salles marronnasses.

Aucun humour, aucun second degré, aucun recul : le tout est plein de bons sentiments moralement irréprochables. Propagande? Conversion expresse? Publicité sur grand écran pour le livre Conversations with God? Les fins de ce film ne sont pas plus subtiles que les moyens mis en ouvre pour y arriver. D'un ennui mortel.

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Conversations with God. Drame de Stephen Simon avec Henry Czerny, Vilma Silva et T. Bruce Page.

En plein tunnel, Neal aperçoit la lumière quand Dieu choisit de lui parler de la vie.

Vous avez perdu la foi? Pourquoi ne pas regarder un film de propagande catho?