Comme si son immersion dans le petit monde de Mission impossible lui avait permis de réussir, justement, l'impossible, le cinéaste J.J. Abrams redonne à Star Trek le lustre qu'elle avait perdu. Tout en respectant la création de Gene Roddenberry, il a même l'audace, avec ce 11e film de la célèbre franchise, de faire presque table rase du passé pour repartir à neuf.

Comment succéder à 10 films et six téléséries comptant jusqu'à 180 épisodes chacune? En reprenant du début, répond J.J. Abrams (Lost, Alias) par l'entremise de ce long métrage, simplement intitulé Star Trek. Exit les successeurs de Kirk et de Spock, on renoue avec le célèbre équipage du U.S.S. Enterprise à une époque où les membres sont de jeunes cadets en quête d'une place prestigieuse au sein de Starfleet. Leur première mission n'est pas de tout repos. Ils doivent rapidement faire face à Nero, un puissant Romulien venu du futur pour changer le cours de l'histoire.

Scénario adroit

Roberto Orci et Alex Kurtzman ont pondu un scénario adroit, où l'on approfondit les personnages et leurs motivations sans négliger les scènes d'action faisant la part belle à ces combats à mains nues, typiques des premiers épisodes télé. On apprend comment les liens se sont tissés entre l'impulsif James T. Kirk (Chris Pine) et le cérébral Spock (Zachary Quinto), mais également avec le doc «Bones» McCoy (Karl Urban), la charmante Nyota Uhura (Zoe Saldana),

 

Hiraku Sulu (John Cho), dont les connaissances en escrime sont déjà utiles, Pavel Chekov (Anton Yelchin), qui n'est pas encore majeur, et le fidèle Scotty (Simon Pegg), qui ne demande qu'à prendre soin de la salle des machines du vaisseau. Les fans raffoleront des clins d'oeil au passé de la série, nombreux sans être appuyés, comme les réparties du genre «I have been and ever shall be your friend». On n'a pas oublié non plus d'assaisonner l'ensemble de savoureux segments humoristiques, qui ont le don d'arriver aux bons moments.

Distribution solide et... discrète

Les héros de Roddenberry se suffisent à eux-mêmes. C'est probablement pourquoi J.J. Abrams n'a pas senti le besoin de recourir à des vedettes pour supporter son film. Cela dit, la distribution est à la hauteur. Contrairement à certaines téléséries de la franchise, où le jeu était discutable, ici chacun fait un excellent boulot. Pine campe un Kirk frondeur et rusé avec beaucoup d'aisance, tandis que Quinto incarne un Spock tourmenté, chez qui tout passe dans le non-dit. Quant aux autres membres de l'équipe, même s'ils sont plus discrets, ils trouvent le moyen de s'illustrer.

On pourrait encore louer le montage nerveux, l'esthétisme qui délaisse le kitsch au profit de la modernité et du réalisme, l'intéressant travail photo ou les effets spéciaux, spectaculaires sans être excessifs, mais le plus habile reste le recyclage du vieux truc des voyages et anomalies temporels. Ceci permet à la fois une apparition du premier Spock (Leonard Nimoy, brillant) et, surtout, la naissance d'un monde parallèle, libérant les créateurs du lourd passé de la franchise. Du coup, ce blockbuster de l'été avant la lettre devient une porte d'entrée attrayante vers un univers qui, en 40 ans, était devenu dense et complexe, voir rebutant pour les non-initiés. S'agirait-il de la première d'une série d'aventures pour une nouvelle génération de trekkers? Tout porte à le croire, y compris la reprise du légendaire monologue, «Space, The Final Frontier», servie en dessert.

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Star Trek. GENRE : science-fiction. RÉALISATEUR : J.J. Abrams. ACTEURS : Chris Pine, Zachary Quinto. CLASSEMENT : général. DURÉE : 2 h 02.

ON AIME : l'histoire, légère et réfléchie, la distribution enthousiaste

ON N'AIME PAS : l'intrigue amoureuse, un peu forcée