Après avoir sauvé le soldat Ryan pour Steven Spielberg, Tom Hanks sauve M. Banks pour John Lee Hancock. Une «trilogie» en vue? Rencontre amusée avec acteur sympa.

«Comment savait-on que Walt Disney arrivait au bureau? On l'entendait tousser.» L'anecdote est véridique, prémonitoire - le père de Mickey fumait trois paquets de cigarettes par jour et est mort du cancer du poumon - et elle a été racontée à Tom Hanks par Richard Sherman. Le premier incarne l'entrepreneur visionnaire dans Saving Mr. Banks de John Lee Hancock. Le second, maintenant âgé de 85 ans, est celui qui, avec son frère Robert, a composé les chansons et trames sonores d'une multitude de longs métrages produits par les studios d'«oncle Walt», dont Mary Poppins.

«Richard a été une source intarissable, vraiment intarissable, d'informations», poursuit l'acteur qui a aussi eu accès à toutes les archives de Disney pour se préparer à interpréter un homme devenu légende. Un homme que tout le monde a l'impression de connaître, dont tout le monde a une image en tête. Que de débats et d'essais ont donc précédé l'arrivée de l'acteur devant les caméras! «Je pense que jamais moustache n'a fait l'objet d'autant de discussions. Son angle, sa longueur, son épaisseur. Il me semble que le document se trouve maintenant quelque part auprès de notre gouvernement», rigole Tom Hanks, comme toujours bon enfant quand il rencontre les représentants des médias.

Ainsi, quand on évoque son passage à Disneyland pour le tournage d'une scène de Saving Mr. Banks, il raconte le bonheur anticipé d'aller, une fois le travail terminé, dans le manège consacré à Winnie the Pooh avec sa petite-fille. «Pour moi, elle allait vivre une aventure extraordinaire. Après tout, c'était Christopher, Roo, Piglet, les pots de miel, la musique! Eh bien, elle a été terrifiée! Marquée à vie à cause de ce que son grand-père l'a «obligée» à faire le jour où il jouait Walt Disney à Disneyland!»

Invoquer Disney

Puis, plus sérieusement, il évoque le défi que lui a posé ce rôle. «Je ne ressemble pas à Walt Disney, mais il existe une ligne, une silhouette qu'il a été possible d'obtenir grâce aux costumes. Les perruques ont aussi contribué au résultat», raconte celui dont la mission n'était bien sûr pas d'imiter, mais de «canaliser» l'homme. À cette fin, il a étudié des heures de documents vidéo et audio. «À cette époque de sa vie, Walt Disney était le Walt Disney qui est resté dans les mémoires. C'est celui que j'ai pu observer et écouter, puis interpréter.»

Découvrant, ici et là, combien «il était un vrai papa, attentif et aimant. Un papa qui passait ses samedis avec ses filles, s'asseyait sur un banc et mangeait des cacahuètes en les regardant jouer. Et puis, un jour, il n'y a plus eu d'endroits à visiter. Il en a donc construit un.» Disneyland. Une page d'histoire dont Tom Hanks, lui-même homme de famille, aime parler, mais qui n'est pas celle sur laquelle s'attarde Saving Mr. Banks. Cet épisode-là - celui des négociations ardues entre le père de Mickey et la mère de Mary Poppins - l'acteur, qui est aussi producteur, peut aussi le comprendre.

«Vous avez une histoire en tête, vous voulez la raconter et à partir de là, vous rencontrez des gens qui vous disent non. Le processus créatif exige cela. Heureusement qu'au bout du compte, on a du plaisir parce qu'autrement, ce serait seulement beaucoup trop de travail.» Emma Thompson abonde dans le même sens, elle qui a scénarisé Nanny McPhee et Nanny McPhee Returns dans lesquels elle campe le rôle-titre. Mais le deuxième n'a pas fonctionné aux yeux des producteurs. «On m'a présenté des chiffres, ça ne signifiait rien pour moi, mais j'en ai compris qu'il n'y en aurait pas de troisième», regrette l'actrice.

«Un moment! l'interrompt alors Tom Hanks. Il y a eu Saving Private Ryan, maintenant Saving Mr. Banks. Je vois ça comme une trilogie, qui se terminera par Saving Nanny McPhee!» Pour revoir ce duo Thompson-Hanks à l'écran, on veut voir une promesse dans cette boutade.