Âgé de 84 ans, le cinéaste Fernand Dansereau est parti de sa réflexion sur son propre vieillissement pour réaliser Le vieil âge et le rire, un documentaire sur le «bien vieillir».

Certes, il y a des réalités pas comiques du tout dans Le vieil âge et le rire. Des vieux tellement vieux qu'ils doivent être changés comme des bébés. Des peaux plissées, une accompagnante d'un grand malade qui n'ira pas mieux demain, ou cet acteur aimé qui confie son désarroi d'avoir parfois le goût de dormir toute la journée. Et il y a la mort qui rôde, comme un personnage secondaire qui joue du coude pour voler la vedette...

Mais on y trouve aussi de la lumière, comme dans le vaste sourire de Kim Yaroshevskaya, qui, on dirait, est toujours la même Fanfreluche de 10 ans.

«Un jour, j'ai assisté à une conférence donnée par un homme très brillant sur le sujet de la "nouvelle longévité". Il nous disait qu'on avait tous de 20 à 30 années de plus que nos parents à vivre. Une dame à côté de moi a demandé: "Vous ne pourriez pas me dire quelque chose qui m'aiderait à mieux vieillir?"», rapporte Fernand Dansereau, rencontré à l'INIS, où il enseigne encore, à l'âge de 84 ans.

C'est un peu pour répondre à cette dame que Dansereau s'est lancé dans la réalisation de ce documentaire sur le «bien vieillir». Le cinéaste de La brunante, scénariste des Filles de Caleb, est parti de sa réflexion sur son propre vieillissement pour ce film qui donne la parole à ceux qui réfléchissent, vivent, philosophent et même égaient le territoire tabou de la vieillesse.

Il y a cette tablée de comédiens sereins - les Andrée Lachapelle, Kim Yaroshevskaya, Marcel Sabourin - qui, verre de rouge à la main, incarnent la vieillesse gaie et pleine de projets. Et aussi ces quatre soeurs aux cheveux blanchis qui, lors d'un souper, parlent des tourments d'arriver vers la fin.

Dans un hôpital français, Dansereau filme un atelier de musique, mais aussi des soins de fin de vie. «La plus grande des angoisses, après la mort, c'est d'arriver à cet état où on doit changer votre couche.»

Et puisqu'il est question de rire, il y a les Dr Clown qui apportent de la joie dans une résidence pour personnes en perte d'autonomie. Fernand Dansereau, qui s'est vu refuser trois projets de téléromans sous prétexte qu'il ne faisait pas dans la comédie, trouvait intrigante la démarche des clowns thérapeutiques. «Ils traversaient une crise et cherchaient un cinéaste pour renouveler leur image», rapporte Fernand Dansereau qui a été ému par la faculté des Dr Clown d'apporter de la gaieté et de la rigolade dans les hôpitaux gériatriques les plus tristes.

Pour nourrir sa réflexion et trouver un sens au grand âge, réalité démographique en explosion, il donne la parole à un philosophe, à un maître zen, à un thérapeute...

«Les chercheurs disent que la vieillesse qu'on a ressemble à la vie qu'on a menée. On parle beaucoup de la vieillesse citoyenne, on propose aux personnes âgées de rester actives physiquement, d'être engagées, de maintenir des liens sociaux. Mais il ne faut pas se faire d'illusion: il arrive un moment où c'est moins faisable.»

Inspiré par son cousin, l'écologiste Pierre Dansereau, Fernand Dansereau demeure rempli d'espoir face au monde qu'il a vu changer. «Pierre disait que l'optimisme était une posture qu'on décide de prendre, qui donne le courage de vous garder en action.»

Le vieil âge et le rire prend l'affiche le 9 novembre.