Chez les hommes américains, le passage à l'âge légal de consommation d'alcool est souvent marqué par une soirée de beuverie entre amis. Les scénaristes de The Hangover y font écho dans leur première réalisation.

De leur propre aveu, Jon Lucas et Scott Moore ne pourraient être plus rangés, plus «plates» dans la vie. Relations amoureuses stables, sorties en famille, vie de banlieue, bref, les deux lascars seraient les gendres idéaux sur lesquels toutes les belles-mères du monde pourraient fantasmer.

Ce tandem propret s'est pourtant fait un nom en écrivant le scénario de The Hangover et The Hangover II. Du coup, ils ont fracassé successivement les records de recettes au box-office dans la catégorie des comédies destinées à un public adulte. Même s'ils se défendent un peu d'utiliser aujourd'hui la même recette, Lucas et Moore, qui travaillent ensemble depuis 14 ans, proposent avec 21 and Over (Majeur et vacciné en version française) une comédie irrévérencieuse de même style.

«Dans notre esprit, les deux démarches restent différentes», a expliqué l'un ou l'autre au cours d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles la semaine dernière. «The Hangover mettait en scène des personnages plus adultes qui n'avaient plus conscience de ce qu'ils faisaient. Le film 21 and Over repose davantage sur une quête épique. Au lieu de chercher l'anneau, deux amis tentent de retrouver l'endroit où habite le troisième larron inconscient, celui dont ils célèbrent enfin le 21e anniversaire.»

Rite de passage

Le personnage principal du film, Jeff Chang (Justin Chon), ivre mort pour les trois quarts du récit, est un étudiant en médecine, dont le 21e anniversaire tombe la veille d'un examen important. Fils d'un père très autoritaire (François Chau), Jeff ne veut surtout pas rater son coup, même s'il a été poussé vers une discipline qui ne l'attire pas vraiment.

Quand deux amis d'adolescence (Skylar Astin et Miles Teller), qui ne fréquentent pas la même université, débarquent pour célébrer cet anniversaire, Jeff consent à aller prendre une bière avec eux pour mieux rentrer sagement ensuite. Après tout, il faut bien souligner ce passage à l'âge adulte, d'autant plus que les deux potes ont quand même pris la peine de faire le voyage.

Évidemment, cette soirée sera marquée par quelques leçons de vie toutes plus scandaleuses les unes que les autres.

«Nous avions l'intention de tourner ce film à l'Université du Colorado au départ, mais nous n'avons finalement pas obtenu l'autorisation, précise Lucas en riant. Je crois qu'ils ne se sont même pas rendus à la troisième page du scénario! Nous avons transposé l'action à Seattle. Honnêtement, je ne sais pas d'où proviennent nos idées. J'ai comme l'impression que dès qu'on se retrouve ensemble, Scott et moi imaginons les situations les plus débiles, du genre de celles qu'on ne pourrait jamais se permettre de vivre dans la vie. Si je me rappelle bien, mon 21e anniversaire était plutôt tranquille.»

Pour l'occasion, Jon Lucas et Scott Moore sont aussi passés derrière la caméra. Cette première réalisation, qu'ils cosignent, s'inscrit dans le prolongement de leur collaboration professionnelle.

«C'était la toute première fois que nous réalisions quelque chose nous-mêmes, font-ils remarquer. Nous ne nous sommes pas partagé les tâches de façon précise. Tout s'est fait naturellement. Notre complicité a fait le reste. Nous sommes toujours sur la même longueur d'onde.»

L'apport des acteurs

Les acteurs confirment d'ailleurs cette dynamique particulière. Même en s'adressant séparément à l'un ou à l'autre, les indications restaient les mêmes.

«Nous n'avons pas d'ego, affirme Jon Lucas. Notre but ultime est de faire rire les spectateurs. Nous prenons toutes les mesures nécessaires pour y arriver. C'est dire que nous montrons le film à plein de gens, et nous ajustons au besoin afin de trouver le meilleur équilibre. Nous n'avons pas hésité non plus à demander aux jeunes acteurs de rafraîchir les dialogues écrits par les vieux croûtons que nous sommes!», ajoutent les réalisateurs trentenaires.

Jon Lucas estime en outre que Justin Chon, révélé grâce à la série Twilight, mériterait un Oscar, ne serait-ce que pour avoir enduré toutes les situations improbables dans lesquelles il s'est retrouvé. L'utilisation d'un cascadeur se révélait souvent impossible dans les circonstances.

21 and Over (Majeur et vacciné en version française) prend l'affiche le 1er mars. Les frais de voyage ont été payés par Films Séville (Relativity Media).