Le premier long métrage de Yan England, 1:54, a pris l'affiche en France avant-hier dans un circuit d'environ 90 salles. Pour un long métrage québécois, il s'agit d'une sortie importante. Yan England est d'ailleurs là-bas depuis une dizaine de jours. Il y restera encore une semaine après la sortie.

«Ils ont organisé beaucoup d'avant-premières et j'ai eu le plaisir d'aller présenter le film un peu partout, a expliqué le cinéaste au cours d'un entretien accordé à La Presse. Paris, Lyon, Strasbourg, Rennes, Bobigny, Toulouse, Valenciennes, Lille, Aubagne, d'autres endroits aussi. Chaque projection est suivie d'une discussion et ça dure à peu près une heure. Comme les spectateurs sont alors encore un peu dans l'émotion du film, je commence par leur parler, mais les questions arrivent assez rapidement. Et aussi des témoignages. Ce qui se passe ici est exactement la même chose que chez nous. Tristement, c'est la même réalité. J'ai constaté ça partout dans le monde où j'ai accompagné le film.»

Un lancement à Angoulême

Dominique Besnehard, qui dirige notamment le Festival du film francophone d'Angoulême, a mis le distributeur français ARP Sélection sur la piste immédiatement après avoir vu le film à Montréal l'an dernier. Rappelons qu'à Angoulême, où il fut lancé en première mondiale, 1:54 a valu un prix d'interprétation à Antoine Olivier Pilon, et a aussi obtenu un prix attribué par un jury composé d'étudiants.

«Angoulême fut pour nous une manière de tester le film auprès du public, fait remarquer Eric Vicente, conseiller aux acquisitions chez ARP Sélection. Et ce fut concluant. Avant même de le voir, nous étions déjà attirés par la force du sujet et l'aspect citoyen qu'a ce film à propos du cyberharcèlement. Ces thèmes sont peu souvent abordés au cinéma. Quand nous avons vu le film, nous avons été d'autant plus convaincus.»

«1:54 est un film de cinéma réussi. On y trouve une très belle alliance entre le fond et la forme», estime Eric Vicente, conseiller aux acquisitions chez le distributeur français ARP Sélection.

Un label «coup de coeur»

Le succès d'un film n'est jamais prévisible, mais il est clair que le distributeur français met tous les efforts afin que 1:54 connaisse une belle carrière. La société Gaumont-Pathé a par ailleurs donné son aval au film de façon inattendue en choisissant de faire de 1:54 son film «coup de coeur». 

«C'est un label qui fait en sorte qu'un film est mis en avant plus que les autres dans cette chaîne, explique monsieur Vicente. Nous en sommes très heureux!»

Les acteurs n'ont pu accompagner Yan England dans sa tournée de promotion française, mais la présence d'Antoine Olivier Pilon dans le film constitue assurément un atout.

«Ici, tout le monde a vu Mommy, fait remarquer le cinéaste. Tout le monde ! Et les gens sont ravis de voir Antoine Olivier dans un rôle différent. La tournée se déroule vraiment bien. Même si je suis un parfait inconnu ici, on me reçoit en entrevue un peu partout - RTL, TV5, Le Figaro Magazine - et, en tournée, il y a aussi beaucoup de médias régionaux. Vraiment, pour une première expérience de ce genre, je ne pourrais pas demander mieux!»

Deux autres films québécois prennent l'affiche en France ces jours-ci: Gulîstan, terre de roses de Zaynê Akyol (8 mars), et Les mauvaises herbes de Louis Bélanger (5 avril).

Image fournie par Les Films Séville 

L'affiche française de 1:54, de Yan England