Après des travaux majeurs et une demi-saison 2018, Espace Go est prêt à faire les choses sur une grande échelle. Avec de grandes dramaturges et metteures en scène... accompagnées de quelques hommes.

La directrice d'Espace Go, Ginette Noiseux, se dit «très contente et allumée» à la veille de sa saison 2018-2019. 

«C'est reparti en grande. C'est la première fois que j'arrive à avoir une mainmise beaucoup plus importante sur l'ensemble de ma programmation, j'en rêvais», dit celle qui a déjà fait l'objet de critiques à ce sujet. 

Mais Ginette Noiseux regarde vers l'avant... et l'avant-garde, pourrait-on ajouter 

«Moi, je construis l'avenir. Le projet de construction est un legs pour le futur. Toute la question de la parité a sauté deux décennies. Pendant ce temps, j'ai été assez seule. Plusieurs femmes ne voulaient même pas se dire féministes. Il faut rendre visible notre différence.»

Espace Go produira quatre spectacles en plus d'en diffuser quatre autres. Que ce soit avec Patti Smith (Parce que la nuit), Evelyne de la Chenelière (Électre) ou les Phéniciennes d'Euripide (Le reste vous le connaissez par le cinéma), la parole des femmes y est omniprésente, tant à la mise en scène, à l'écriture qu'à l'interprétation. 

«Toutes les femmes de la saison s'inscrivent dans le monde qui les entoure. Ce sont des femmes atypiques ayant un impact social.»

Après 35 ans à la barre, Ginette Noiseux semble plus que jamais confiante pour l'avenir d'Espace Go et des femmes en théâtre. 

«C'est quand même un théâtre que je trouve écoeurant. C'est une réalisation de femmes, qu'on le conteste ou pas. Personne ne peut nous l'enlever. Ça n'existe pas ailleurs. D'avoir fait mentir, à travers les décennies, tous les moqueurs et les défaitistes, ça me fait plaisir.»

Les travaux de rénovation se poursuivront jusqu'au 30 septembre. 

«Un chantier de construction, qui s'élève à 6,5 millions et qui n'est pas fini, ce n'est pas que du béton. Le projet architectural d'Espace Go reflète un projet artistique plus profond. Quand tu n'avances pas, tu recules. Les travaux vont continuer de positionner Espace Go comme un véritable centre de développement et recherche et de création de haut niveau.»

À venir

Espace Go présentera aussi l'an prochain Strindberg, une pièce qui donne la parole aux ex-femmes de l'auteur suédois antiféministe sous la plume d'entre autres Anaïs Barbeau-Lavalette, Rachel Graton, Emmanuelle Jimenez et Catherine Léger, dans une mise en scène de Luce Pelletier.

La nouvelle compagnie en résidence au théâtre du boulevard Saint-Laurent, Porte-parole d'Annabel Soutar, y présentera sa nouvelle pièce, qui parlera de «sujets chauds», L'assemblée, au mois de novembre. 

Mais encore, Espace Go ouvrira au printemps son «Chantier féministe en théâtre». Pendant six jours, des conférences, des ateliers et des débats feront valoir la nécessité de la contribution des femmes au théâtre.

«On va parler de moyens pragmatiques, concrets. On va travailler ensemble et créer des réseaux. Je marche complètement avec les Femmes pour l'équité en théâtre (F.É.T.). Le mouvement me passionne. La vraie parité, c'est d'être traitées comme artistes.»

Les quatre pièces d'Espace Go en quelques mots

> Le reste vous le connaissez par le cinéma

Texte de Martin Crimp

Mise en scène de Christian Lapointe

Du 11 septembre au 6 octobre

«Il y a 14 interprètes sur scène, note Ginette Noiseux, dont 9 femmes. C'est le regard des femmes sur ce monde chaotique, barbare et violent dans lequel les hommes peuvent s'embarquer. On donne la parole à celles qui le subissent. Elles interrogent l'histoire. C'est un spectacle événement.»

> Électre

Texte d'Evelyne de la Chenelière

Mise en scène de Serge Denoncourt

Du 22 janvier au 17 février 2019

«Magalie Lépine-Blondeau avait envie d'aller ailleurs. C'est une actrice qui arrive à une certaine maturité. Evelyne de la Chenelière, qui ne fait jamais les choses à moitié, réécrit le mythe d'Électre. Il y a peu de grands personnages principaux féminins, sauf à l'Espace Go. Électre est peut-être le premier grand personnage féminin de notre civilisation.»

> Parce que la nuit

De Brigitte Haentjens et Dany Boudreault

Mise en scène de Brigitte Haentjens

Du 5 au 31 mars 2019

«C'est un projet qui habite Brigitte Haentjens depuis très longtemps. Patti Smith est une grande poétesse. Elle a créé le mouvement punk et cette image de femme androgyne très libre. Brigitte, qui a une plume formidable, travaille en collaboration avec Dany Boudreault. Ils ont développé une complicité autour de cette matière.»

Quartett

D'Heiner Müller

Mise en scène de Solène Paré

Du 19 mars au 6 avril 2019

«Après Sophie Cadieux et Evelyne de la Chenelière, Solène est notre nouvelle artiste en résidence. Elle n'a que 25 ans. Depuis l'École nationale de théâtre, j'ai vu tous ses travaux. Elle a une pensée fouillée, colorée, riche et exigeante.»