Le dramaturge, metteur en scène et écrivain français Jacques Lassalle, décédé mardi à 81 ans, a marqué la vie théâtrale par son engagement ombrageux au service d'un théâtre épuré jusqu'à « l'essentiel », selon ses propres mots.

Jacques Lassalle, qui a dirigé le Théâtre national de Strasbourg (nord-est) de 1983 à 1990 et la Comédie-Française de 1990 à 1993, est une des grandes figures du théâtre français depuis les années 70.

Très affecté par la mort de son épouse Françoise il y a un an, il avait été hospitalisé récemment et était en maison de repos où « il n'a pas pu retrouver ses forces », a dit son fils Antoine à l'AFP.

Né le 6 juillet 1936 à Clermont-Ferrand (centre), ce provincial gardera toute sa vie une distance vis-à-vis du parisianisme.

Après une formation au Conservatoire et des débuts de comédien, il renonce un temps au théâtre pour gagner sa vie comme professeur à l'université.

En 1966, il fonde le Studio Théâtre de Vitry, en région parisienne, où il présente des grands classiques: « Comme il vous plaira » de Shakespeare, Marivaux, Goldoni, Molière... et installe un style de mise en scène.

« Je crois qu'un spectacle, une mise en scène, c'est une politique du retranchement. On dénude, on retire, jusqu'à ce peu, ce presque rien, l'essentiel étant dans le presque », disait-il.

Dans les années 70 et 80, il alterne classiques et modernes (Milan Kundera, Michel Vinaver) et propose sa première mise en scène à la Comédie-Française (« La Locandiera » de Goldoni).

En 1983, nommé directeur du Théâtre National de Strasbourg, il frappe un grand coup en créant « Tartuffe » avec Gérard Depardieu.

Il reste au TNS jusqu'à sa nomination à la Comédie-Française en 1990 pour trois ans.

Sa mise en scène d'« Andromaque » au Festival d'Avignon en 1994 est mal accueillie et le metteur en scène s'en prend violemment à la critique, allant jusqu'à annoncer qu'il arrête le théâtre.

Mais la passion est trop forte et il n'en sera rien. Il monte « La Cerisaie » à Oslo en 1995 et il enchaîne avec des classiques (Shakespeare, Pirandello, Labiche...) et des contemporains (l'auteur norvégien Jon Fosse notamment). Il a également beaucoup travaillé avec le théâtre national de Varsovie.

Il devait proposer à la Comédie-Française « La cruche cassée » de Kleist en avril 2017 mais avait dû renoncer, très atteint par le décès de sa femme, épousée en 1958 et dont il a eu trois enfants.