Après Ricardo Lamour, qui a dénoncé l'an dernier la reprise de la pièce Fredy d'Annabel Soutar, c'est au tour d'un autre comédien qui faisait partie de la première mouture, Solo Fugère, de lancer un appel au boycottage de la pièce. Fredy est une oeuvre de théâtre documentaire sur les faits entourant la mort de Fredy Villanueva, abattu par la police il y a près de 10 ans.

Dans une lettre publiée sur le site medium.com et relayée aux médias montréalais sur Facebook, Solo Fugère écrit que «le théâtre documentaire doit se mettre au service des personnes pour qui il témoigne et non strictement au profit des artistes qui le fabriquent. Sinon, tout le monde perd».

En entrevue téléphonique, le comédien précise que le théâtre documentaire est une discipline qu'il respecte, mais qu'elle doit se pratiquer «avec le consentement des gens impliqués», soit, dans ce cas-ci, de la famille Villanueva.

Solo Fugère est celui qui a récemment demandé à la mairesse Valérie Plante si elle considérerait la possibilité de rendre hommage à Fredy Villanueva. Il interprétait notamment le rôle de Dany Villanueva dans la première série de représentations de Fredy. Aujourd'hui, il appelle au boycottage de la pièce.

«Oui, on peut retirer notre consentement. Je pense que Porte Parole [la compagnie d'Annabel Soutar] aurait dû agir autrement face à la famille. Moi, ils ont lu mon texte et ils ont consenti à ce que je le publie.»

Réaction d'Annabel Soutar

Annabel Soutar, auteure de la pièce qui sera reprise à La Licorne du 18 au 22 décembre, puis à l'Usine C et dans trois maisons de la culture en 2018, rappelle que tout au début, elle a rencontré Lilian Villanueva pendant trois heures pour préparer l'écriture de la pièce.

«Elle m'a signé une décharge pour utiliser son témoignage. Le comité de soutien à la famille était là durant la pièce et a fêté avec nous à la fin. Ils me reprochent d'avoir mis d'autres points de vue dans la pièce, mais c'est ce qui donne de la légitimité au travail documentaire qu'on fait.»

Fredy aborde les thèmes du profilage racial, de la violence policière, de la pauvreté et de la difficulté d'intégration des immigrants, entre autres choses. En présentant plusieurs points de vue sur l'affaire, le texte se montre plutôt empathique envers Fredy Villanueva.

«Peut-être que j'aurais dû prendre Lilian par la main durant tout le processus, je le regrette, mais le comité de soutien était là. Ils ne m'ont pas laissé lui parler par la suite. Mais ce n'est pas une pièce sur la famille Villanueva. C'est un sujet d'intérêt public qui demeure d'actualité. C'est important de parler de ces questions-là, je crois.»