La nouvelle pièce de Pierre-Michel Tremblay offre de bons moments de comédie, mais cela repose surtout sur les bonnes idées de mise en scène et les interprètes, dont l'excellent Bruno Marcil.

Timothy Leary, figure incontournable des années 60 et promoteur du LSD, avait pour devise Turn on, tune in, drop out qu'on pourrait traduire en termes très modernes par « allumez, branchez-vous, mais lâchez prise ! ». Leary était partout il y a 50 ans, même à Montréal pour le bed-in de John et Yoko. Sa dernière parole sur son lit de mort aurait été : « magnifique ».

Un sujet en or face au conservatisme et à la rectitude politique actuelle que le dramaturge Pierre-Michel Tremblay utilise pour parler surtout de Marilou (Alice Moreault) - qui veut faire de Leary son sujet de maîtrise en anthropologie - et de ses parents (Jacques Girard et Isabelle Vincent), anciens hippies plus que conformistes, mais inconfortables dans leur peau vieillissante.

Bruno Marcil dans tout ça ? Il est le fantôme de Timothy Leary, la bonne et/ou mauvaise conscience de tous, le directeur de thèse de Marilou attiré par la jeune femme et un dramaturge européen de passage à Montréal. Sans parler de ses rôles secondaires... Bref, c'est son spectacle à lui et c'est tant mieux.

Car le texte de Pierre-Michel Tremblay ne s'avère pas toujours à la hauteur du sujet. Il sombre parfois dans la comédie burlesque (où Jacques Girard excelle, tranchant du coup bizarrement avec le reste de la très bonne distribution) et la philosophie bon marché, notamment lors du monologue final assez plat de Marilou.

La mise en scène enthousiaste de Philippe Lambert sauve souvent la partie et le spectateur de l'ennui avec l'utilisation psychédélicieuse de musiciens sur scène et d'éclairages au diapason. 

Les jeux de micros, de portes, de divans, dans une utilisation maximale de l'espace, gardent aussi la barque à flot.

Mais, à notre humble avis, l'histoire assez banale de Marilou et de sa famille n'était probablement pas l'embarcation idéale pour aborder des thèmes riches comme l'humanisme, l'émancipation, la transgression et la liberté. Même si on assiste à de bons moments comiques, on voit peu à peu le sujet échapper à son auteur et faire plouf ! à la fin.

Que reste-t-il des beaux idéaux des années 60 selon Pierre-Michel Tremblay ? Deux fois rien. Un homme qui souffle « magnifique » lors du trépas et un moine qui lave les pieds des gens fatigués. Le retour de Dieu ?

Psychédélique Marilou

De Pierre-Michel Tremblay

Mise en scène de Philippe Lambert

À La Licorne jusqu'au 28 octobre

***