Toutes les semaines, La Presse échange avec un artisan d'une pièce de théâtre d'été. Aujourd'hui, conversation avec Alain Zouvi, dans un square du quartier Côte-des-Neiges, au pied de l'Oratoire. Zouvi signe sa deuxième mise en scène d'affilée pour le Théâtre Fracas, au Pavillon de l'Île à Châteauguay.

Avec L'homme accessoire, vous revenez pour le deuxième été de suite avec une comédie de situation signée par le prolifique auteur canadien Norm Foster, que l'on compare à Neil Simon.

J'aime bien l'humour un peu «malaisant» de Norm Foster. Le rire arrive par le malaise provoqué par les situations, et non par les blagues. J'ai aussi eu un coup de coeur pour France Pilotte, dont la compagnie [Théâtre Fracas] produit chaque été une pièce avec la Ville de Châteauguay.

Résumez-nous l'histoire.

C'est une histoire d'adultère et de manipulation autour d'un homme d'affaires [Jean Petitclerc] qui trompe son épouse [Pilotte] avec une jeune maîtresse [Julie Ménard]. Il va utiliser son employé [Pierre-Alexandre Fortin], un faux naïf, pour mieux duper sa femme.

Qui est le roi de la comédie, selon vous, toutes époques et tous genres confondus?

Charlie Chaplin. Un grand maître incontestable. J'aime les comédies qui nous font rire et pleurer en même temps. Et Chaplin est un équilibriste capable de marcher sur le mince fil entre la comédie et le drame. Il nous amène de la pure joie à la vraie peine en une scène. Mon but, c'est de faire rire les gens, mais aussi qu'ils sortent du théâtre en ayant appris quelque chose.

Depuis que vous avez annoncé ne plus vouloir jouer au théâtre, on ne vous offre plus de contrats à la télévision ni ailleurs. Il y a un malentendu autour de l'acteur?

En effet, comme comédien, j'ai pris un recul de la scène, mais je veux continuer à jouer ailleurs! Au secours de Béatrice prend fin cette saison. J'ai beaucoup de temps libre pour jouer. D'ailleurs, il n'est pas dit que je ne remonterai jamais sur les planches... un jour.

Ah bon! Quel personnage pourrait vous pousser à faire ainsi?

J'aime beaucoup le théâtre de Sacha Guitry, qu'on ne monte plus hélas, ici et ailleurs. C'est un auteur brillant, très comique, plein d'esprit. J'aimerais mettre en scène sa pièce Faisons un rêve. Pourquoi pas au Rideau Vert?

Après y avoir joué Feydeau, revenir avec Guitry nous semble dans la logique des choses...

Je crois que la création est importante, essentielle. Or, je me donne le mandat de réhabiliter des classiques. Selon moi, la modernité dans les classiques, ce n'est pas dans le décor et les costumes, mais dans le jeu et le transfert de l'émotion. C'est ce que nous avons fait avec Marivaux au TNM, la saison dernière.

Votre été a été à la fois tranquille côté professionnel et mouvementé côté privé...

J'ai déménagé pour revenir dans le quartier de mon enfance [Côte-des-Neiges] et je me suis occupé de mon chien très malade, que j'ai dû faire euthanasier il y a une semaine. Il avait 7 ans...

D'ailleurs, ce jour-là, vous avez écrit un statut fort touchant sur Facebook: «Tout doucement, dans mes bras, j'ai senti ton coeur s'arrêter, juste là, sur mon coeur. Le mien a continué à battre, alors que tu t'endormais et que je te répétais sans cesse mon amour. Quel ami merveilleux tu as été, Oscar...» Le lien avec un chien peut être aussi fort?

Ça peut paraître fou aux yeux de certains, mais je crois que oui; il y a un échange d'énergie incroyable entre une bête et son maître. J'ai eu Oscar [un chien d'eau portugais] alors qu'il était bébé, en 2010. Il est arrivé dans une période creuse de ma vie... Je vivais seul avec lui et je lui racontais tout: mes peines comme mes joies. Et il ressentait tout! Ce compagnon m'a aidé à remonter la pente.

L'homme accessoire de Norm Foster au Pavillon de l'Île, à Châteauguay, jusqu'au 26 août