Tout au long de l'année, on a souligné partout sur le globe le 400anniversaire de la mort de William Shakespeare. À la Cinquième Salle, Jean-Guy Legault et Simon Boudreault ajoutent leur grain de sel à ce festin shakespearien. Ils présentent une «fresque hilarante» inspirée des personnages principaux des tragédies du dramaturge anglais. Un spectacle qu'on annonce comme une «épopée hétéroclite, débridée et délirante».

Bien avant ce 400e anniversaire, en 2005, Jean-Guy Legault et Simon Boudreault ont eu l'idée d'écrire une pièce inspirée par l'oeuvre de leur dramaturge préféré. Toutefois, leur projet s'est concrétisé seulement en septembre dernier, avec la création de leur «fausse et délirante pièce de Shakespeare» à La Bordée, à Québec, dans une mise en scène de Marie-Josée Bastien. Intitulée Gloucester, du nom d'un personnage du Roi Lear, la pièce puise dans les tragédies classiques de son répertoire: Hamlet, Macbeth, Roméo et Juliette, Richard III et Henri IV.

«Nous nous sommes amusés avec les archétypes des personnages de ses tragédies. Gloucester est un hommage, mais un hommage singulier et délirant à Shakespeare», indique Jean-Guy Legault.

Or, des jaloux, des manipulateurs, des machiavéliques et des hommes désirant s'emparer du pouvoir à tout prix, il n'en manque pas dans l'oeuvre du poète élisabéthain, mort en 1616, à 52 ans.

Selon les deux créateurs, «Gloucester interroge notre besoin de haïr, de définir un ennemi dans la quête de la gouvernance pour se positionner et monter dans la hiérarchie du pouvoir».

«Il y a une réflexion existentielle latente dans toutes ses grandes pièces, avance Simon Boudreault. Shakespeare décrit toute la politicaillerie propre à la quête du pouvoir. Ça reste bien sûr d'actualité. On l'a vu lors de l'élection présidentielle américaine: tout est construit autour du mensonge. Finalement, on nous demande de choisir lequel des mensonges est le moins pire...»

Et si Donald Trump était un personnage shakespearien, lequel serait-il? «Un Iago cochonné, sans finesse; un croisement entre Iago et Falstaff!», répondent les deux auteurs.

Le plus classique des classiques

Comme pour d'autres écrivains de l'époque, on sait peu de choses à propos de la vie de Shakespeare. Il y a toutes sortes de théories autour l'homme et de l'oeuvre. Ça prendrait une thèse, et non un article, pour faire le point sur les controverses. Or, le génie de son oeuvre est un fait indéniable. Shakespeare est considéré comme le plus grand dramaturge anglo-saxon, mais aussi de la dramaturgie mondiale, toutes langues et cultures confondues.

Photo Vivien Gaumand, fournie par la production

Macbeth à l'Usine C

«Shakespeare a commencé là où Molière a arrêté... dit Simon Boudreault, bien que l'auteur de L'avare soit né six ans après la mort du Grand Will. «Molière est de son époque. Il vivait à Versailles et était payé par le roi. Ils ne sont pas comparables. Ils n'avaient pas la même liberté.»

Son collègue estime aussi qu'il n'y a pas d'équivalent à Shakespeare. «Le mélange des genres, la tragédie et la comédie, la diversité et le nombre des pièces [37], le sens du récit, la profondeur, etc.»

Toutefois, Legault nous prévient: Gloucester est une pièce hétéroclite inspirée des tragédies, mais, en définitive, ça reste comique, avec plusieurs couches d'interprétation. Coproduction de La Bordée, du Théâtre Les Enfants Terribles, de Simoniaques Théâtre, du Théâtre des Ventrebleus et de la Place des Arts, la pièce met en vedette, outre les auteurs, Marie-Josée Bastien, Emmanuel Bédard, Geneviève Bélisle, David Bouchard, Eloi Cousineau, Jonathan Gagnon, Catherine Ruel et Alexandrine Warren. 

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À la Cinquième Salle de la Place des Arts, jusqu'au 17 décembre.

Photo Maxime Côté, fournie par la production

Macbeth au Centre Segal