Chaque semaine, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

Le débat: Point de rupture

L'artiste Ricardo Lamour a lancé un virulent débat au sein du milieu théâtral, le week-end dernier, en publiant une lettre visant à empêcher la reprise de Fredy d'Annabel Soutar. D'abord opposé au projet de théâtre-documentaire entourant la mort de Fredy Villanueva, abattu par un policier à Montréal-Nord en 2008, Lamour - aussi membre du Comité de soutien à la famille Villanueva - avait accepté de jouer dans la production, présentée à guichets fermés à La Licorne, en mars dernier.

Sa lettre dénonce «la marchandisation pure et simple» de la tragédie, et qualifie la démarche de l'auteure d'appropriation culturelle «qui vide de sa substance l'indignation légitime d'une mère». Il ajoute que «cette pièce qui dissèque vulgairement les plaies toujours non guéries émanant du décès de Fredy est en voie d'être diffusée à plus grande échelle».

«Tout artiste qui raconte une histoire inspirée de faits vécus se l'approprie», a répliqué l'auteur et comédien Jean-Philippe Baril Guérard sur Facebook. «Assimiler la démarche de Soutar à du racisme, je trouve que ça relève de la démagogie, poursuit-il. Je pense qu'une oeuvre traitant d'un sujet d'intérêt public (et je pense que l'affaire Villanueva en a été un) n'a pas à être avalisée par les principaux intéressés.» 

Ce débat soulève plusieurs questions. Est-ce que l'oeuvre de Mme Soutar doit être au service du drame réel? Est-ce que la mort de Fredy reste du domaine privé? (Le projet de murale le représentant sur la place publique a suscité une polémique, en juillet 2015.) Est-ce que le spectacle doit poursuivre sa trajectoire? Annabel Soutar, devrait répondre à ces questions aujourd'hui... À suivre.

Prix: Nadia Ross, lauréate du Siminovitch

La metteuse en scène Nadia Ross est la lauréate du prix Siminovitch cette année. Ce prix est la plus prestigieuse récompense en théâtre au Canada. Cette année marque le 16e anniversaire du prix, donné en alternance à un auteur, un concepteur et un metteur en scène à mi-carrière. Mme Ross reçoit 75 000 $ de la bourse de 100 000 $ attachée au prix Siminovitch, tandis que Sarah Conn et Shaista Latif, qu'elle a choisies comme ses protégées, se partagent le reste.

Le chiffre de la semaine: 40

C'est l'âge de la toujours pertinente revue JEU. Pour souligner ses 40 ans, la parution de JEU 160 consacre un dossier au festival Actoral, à l'affiche de l'Usine C jusqu'au 5 novembre.

Finissant(e)s: Goldoni, en toute liberté! 

L'École nationale de théâtre présente depuis hier soir le spectacle des finissants (interprétation, production et scénographie) avec La rumeur de Carlo Goldoni, comédie musicale mise en scène par Serge Denoncourt. Ce dernier veut offrir aux finissants de l'École un espace de pleine liberté et de prise de risques. 

Jusqu'au 5 novembre, au Monument-National.

Calendrier: Les actualités de Sophie Faucher

La comédienne lance un nouveau livre jeunesse cette semaine, intitulé Frida, c'est moi, illustré par Cara Carmina. Le 19 novembre, elle donne au Lion d'Or une représentation supplémentaire de son spectacle Frida Khalo - Correspondances

Nominations: Théâtre PÀP

Ça bouge à l'automne dans les compagnies! Catherine La Frenière quitte le Théâtre PÀP pour diriger le programme de Production, section française de l'École nationale de théâtre, à la suite du départ de Louise Roussel, désormais directrice de production au festival TransAmériques. Julie Marie Bourgeois est nommée codirectrice générale et directrice administrative du Théâtre PÀP. Elle formera un duo complice avec le directeur artistique, Patrice Dubois.

Coprésidence au CQT

Brigitte Haentjens vient d'être élue présidente du Conseil québécois du théâtre (CQT). Elle succède à Jean-Léon Rondeau. David Lavoie (du FTA) la secondera dans la présidence du CQT, à titre d'officier. Le CQT a été fondé en 1983, après la tenue des premiers États généraux du théâtre professionnel, pour doter la communauté théâtrale d'une voix politique.

Danse: Grand jeté à La Havane

Les Grands Ballets canadiens de Montréal sont à Cuba jusqu'au 3 novembre, à l'invitation de la grande dame de la danse Alicia Alonso. La compagnie y présente depuis hier soir Black Milk d'Ohad Naharin au Teatro Nacional, puis au Gran Teatro, dans le cadre du Festival international de ballet de La Havane.

Aussi à l'affiche

Prom Queen: The Musical, sous la direction de Marcia Kas. Au Centre Segal, jusqu'au 20 novembre.

Le terrier, de David Lindsay-Abaire. À la salle Fred-Barry, jusqu'au 19 novembre.

Nos femmes, d'Éric Assous. Mise en scène de Michel Poirier. Chez Duceppe, jusqu'au 3 décembre.

Une femme à Berlin, adaptée du livre de Marta Hillers. Mise en scène de Brigitte Haentjens. À Espace Go, jusqu'au 18 novembre.

La liste de mes envies, adaptée du livre de Grégoire Delacourt. Mise en scène de Marie-Thérèse Fortin. Au Rideau Vert, jusqu'au 12 novembre. Salle Albert-Rousseau, à Québec, les 13 et 14 novembre. En tournée en 2017.

Les lettres arabes 2, de Geoffrey Gaquère, Olivier Kemeid et Mani Soleymanlou. À Espace Libre, du 3 au 19 novembre.

La visite de la vieille dame, de Dürrenmatt. Mise en scène de Hugo Bélanger. Au Conservatoire d'art dramatique de Montréal (avec les élèves finissants), jusqu'au 5 novembre.

White Like Me de Paul Zaloom. Au Théâtre Aux Écuries, les 3, 4 et 5 novembre.