Le thème de la famille a toujours été porteur au théâtre. Probablement parce qu'il s'y joue les plus grands drames. Mais aussi parce que tout le monde peut s'y reconnaître.

Pour commencer leur deuxième année de résidence au Théâtre d'Aujourd'hui, le tandem formé de Dany Boudreault et Maxime Carbonneau s'est justement inspiré d'un réveillon familial pour écrire Descendance. Une radiographie de la famille Therrien, qui nous renvoie un pas si beau portrait de ses membres.

Ce scénario des masques qui tombent ou du vernis qui craque, même s'il n'est pas nouveau, peut être efficace. On n'a qu'à penser au film American Beauty, qui fracasse l'image parfaite de la famille Burnham, pour nous la montrer dans tout ce qu'elle a de plus dysfonctionnel.

Descendance emprunte les mêmes codes, mais le résultat est décevant. Les auteurs nous proposent un faux suspense maladroit, éparpillé, confus et lourd.

Nous sommes dans le salon de la famille Therrien, la veille du jour de l'An. Plus précisément chez Luc Therrien, ex-alcoolique vivant seul dans la maison familiale. L'énigmatique père de famille recevra sa soeur Suzanne, sa fille Geneviève, son fils Marc-André, sa nièce Julie et leur grand-mère.

Toute la première partie de la pièce se passe dans l'attente des invités qui arrivent un à un. Dans une fausse bonne humeur qui cache des malaises évidents.

Au cours de ce long préambule, Luc Therrien filme, avec sa nouvelle caméra vidéo, ce qui se passe autour de lui. Les conversations sont creuses, quotidiennes, insignifiantes. Mais on sent que chacun a son petit secret et que tous les sous-entendus que les personnages se balancent vont finir par s'éclaircir.

C'est ce qui arrive, sans surprise, dans la deuxième partie. Après une heure d'opacité, on enchaîne avec l'heure de vérité.

Au lieu de découvrir les zones d'ombre des personnages au fur et à mesure de l'action, les membres de la famille Therrien nous balancent tous leurs secrets en rafale dans la deuxième partie. Tout cela pendant que l'on projette au mur des extraits vidéo de ce que Luc Therrien a filmé précédemment.

Ce procédé-là est intéressant - c'est Stéphane Lafleur qui a scénarisé la vidéo. On y revoit les scènes de la première heure sous un éclairage nouveau. C'est aussi sous forme de témoignages vidéo que certains des personnages révèlent leur côté, disons, tordu... Bref, c'est une idée qui est assez porteuse.

Les comédiens, dans l'ensemble, jouent tous plutôt bien et défendent honorablement ce texte écrit à quatre mains qui tire dans tous les sens.

Louise Turcot, dans le rôle de la grand-mère qui a des pertes de mémoire, Rachel Graton, dans celui de la filleule de Luc (Julie) qui cache un secret avec son cousin Marc-André, et Raphaëlle Lalande, qui brille dans son monologue de la fin, sont tous trois émouvants.

Mais la grande surprise, c'est le metteur en scène Martin Faucher (qu'on voit ici pour une rare fois sur scène), qui se révèle être un formidable acteur. Malgré les brusques changements d'humeur de son personnage (Luc), il a toute une présence sur scène et crée un personnage inquiétant. Espérons qu'on le reverra!

Il n'en demeure pas moins qu'à la fin, on se demande en quoi ce récit tordu est un hommage à la famille et ce qu'il ajoute à l'édifice des drames familiaux.

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À la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d'Aujourd'hui jusqu'au 29 mars.