Les auteurs et comédiens Dany Boudreault et Maxime Carbonneau ont écrit ensemble Descendance pour s'interroger sur l'héritage de nos aïeux. Une sorte d'ode à la famille, avec ses souvenirs, sa nostalgie... et son avenir.

Depuis Les Atrides et les Grecs, la famille a toujours inspiré les auteurs dramatiques. Celles du couple Maxime Carbonneau et Dany Boudreault l'ont fait à leur insu.

«On a décidé, Dany et moi, d'écrire une pièce à partir d'un fait vécu, il y a deux ans, dans un party de famille au Nouvel An, raconte Maxime Carbonneau, qui signe aussi la mise en scène de Descendance. Un oncle filmait tout avec sa nouvelle caméra, puis il a présenté ses images aux membres de sa famille. Tout le monde s'est mis à commenter ce qui était arrivé... 30 minutes plus tôt.»

Le party s'est fini là, la visite est partie très tôt... Mais un projet de pièce est né. «Ce n'est pas une critique ou une condamnation de la famille, prévient Dany Boudreault. Au contraire, c'est une déclaration d'amour à la famille! Car ce n'est pas parce que la famille traditionnelle est en train de mourir qu'il n'y aura pas autre chose. La famille est appelée à se transformer.»

Est-ce qu'une famille existe en dehors de son passé? Si on épuise tous les souvenirs et anecdotes qui forment l'album familial, que reste-t-il à se raconter avec nos proches? Quel est le noyau de la famille? «C'est ce genre de questions qui nous a habités, Dany et moi, durant la genèse de la création. On s'est dit qu'il existe sûrement quelque chose de plus fort que le rapport au passé pour souder les familles», note Carbonneau.

Le vivre-ensemble

Au-delà du réalisme, la famille est aussi une métaphore du collectif, un système solaire, une cosmogonie, avec ses membres en guise de planètes. «Quand on parle de la famille, à mon avis, on parle toujours de politique, avance Dany Boudreault. C'est un microcosme du vivre-ensemble, de la Cité. Au théâtre, plus on est dans le particulier, plus on est dans l'universel.»

Les créateurs touchent également aux truismes et aux lieux communs qui font inévitablement partie de la réalité familiale. «Mais sous la surface des choses, on trouve souvent matière à explosion, comme dans les pièces de Serge Boucher, explique-t-il. Car dans leurs failles et leur vulnérabilité, leurs personnages ont beaucoup d'humanité.»

Les deux auteurs proposent donc une plongée dans le monde souterrain de cette famille et son désir de survie.

«Le processus de création est une longue incubation, dit le metteur en scène. Dany et moi travaillons avec les comédiens depuis juin dernier. On se concentre sur le travail en amont, avec des laboratoires et des rencontres pour réfléchir à la proposition. Les concepteurs sont partie prenante de la création.»

Ils sont entourés par une solide équipe d'acteurs et de concepteurs. Une vidéo (projetée en deuxième partie de la représentation) a été scénarisée par Stéphane Lafleur (Continental, un film sans fusil) et réalisée par Jérémie Battaglia, à partir du texte des auteurs. La conception sonore est d'Éric Forget et le décor, de Cédric Lord.

En somme, une équipe de création qui est devenue leur deuxième famille!

À la salle Jean-Claude-Germain du Théâtre d'Aujourd'hui, du 11 au 29 mars.