C'est à un délire visuel que nous convie le duo suisse-allemand Zimmermann & de Perrot avec ce Hans Was Heiri, traduction de «Jean comme Henri», c'est-à-dire «du pareil au même». Une tragicomédie déroutante où débordent images et mouvements chaotiques soigneusement mis en scène.

Les fondateurs de ce théâtre physique sans paroles ont choisi le thème de l'identité pour ce 8e spectacle qui a triomphé en Europe. Sommes-nous si différents les uns des autres? Les interprètes de Hans Was Heiri nous portent à croire que oui, malgré tout ce qui les unit.

Pendant près de deux heures, six artistes s'affairent à se faire valoir. Peut-être même à se démarquer les uns des autres. Physiquement, ils sont assez différents: une grande, une petite, un mince, un vieux, un barbu, etc. Mais au-delà de ces attributs, la personnalité de chacun s'impose à travers leurs performances, individuelles et collectives.

La scénographie est construite autour d'une immense structure pivotante, sorte de roue de la mort, mais carrée, composée de quatre cases. Les interprètes y multiplient les figures dans un va-et-vient incessant, seuls dans leurs cases ou alors réunis à plusieurs, dans une ambiance clair-obscur. Et même à l'extérieur de la structure, un exercice périlleux!

«C'est dans les moments d'urgence que les gens réagissent différemment, qu'ils sont beaux et touchants» nous avait dit Dimitri de Perrot, qui joue le rôle de DJ dans Hans Was Heiri.

L'image de cette case dans laquelle on cherche tous à se placer (ou dans laquelle on veut nous placer) est extrêmement riche. Elle déborde de l'imposante structure en se déplaçant sur la scène, où les interprètes multiplient les chorégraphies au sol avec des cadres de bois et des panneaux de toutes les formes. Toujours avec ce souci d'entrer dans le moule à condition de pouvoir en sortir!

Il y a dans ce ballet parfois étourdissant des moments de pure magie, notamment lorsque les six interprètes chantent en choeur, l'expression même de notre appartenance à un groupe. Certaines performances individuelles sont également remarquables, comme celles de la fabuleuse contorsionniste de cette distribution internationale.

Il y a aussi, il faut bien le dire, des numéros clownesques qui s'étirent indûment. Notamment celui du hipster/prédicateur/prof de yoga...

Malgré l'abondance et la richesse de ces images, Hans Was Heiri est aussi traversé de moments hypnotiques assommants. Certaines scènes répétitives, ponctuées de temps morts et de charabia de clowns auraient pu nous être épargnées.

N'essayez donc pas de trouver le fil rouge de ce récit visuellement chargé, il n'y en a pas. Il reste que ces tableaux expressionnistes tout en mouvements créent des images extrêmement fortes, où l'on se trouve face à un objet artistique assez singulier. Et même, par moments, assez émouvant. 

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À la TOHU jusqu'au 13 octobre.