Après Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, dédié à son père Guy Mauffette, en 2006, puis Dans les charbons, créé pour sa mère, en 2009, Loui Mauffette a conçu un nouveau spectacle qu'il offre au vieil enfant qu'il sera toujours.

Avec Est-ce qu'on pourrait pleurer un tout petit peu?, présenté ce soir au Studio littéraire de la Place des Arts, Mauffette poursuit dans la même veine poétique que ses deux autres spectacles. Or, cette fois-ci, il se met véritablement à nu. Seul (ou presque) sur scène avec ses peurs, ses souvenirs et ses excès.

Au programme: des mots pour panser les maux, de la musique pour consoler l'âme, de l'amour et de l'amitié pour défier la mort et l'oubli.

Avec la très belle complicité du musicien Tomas Furey au piano, ainsi que des invités, dont Betty Bonifassi et Maxim Gaudette, Mauffette a tissé un spectacle hybride - ni théâtre, ni récital, ni lecture. Un cabaret du soir qui pleure, dans lequel l'interprète livre des extraits de poèmes (Prévert, Michaux, Aragon, Daoust, entre autres).

Des textes qui ont en commun leur côté sombre et désespéré. Un peu trop, d'ailleurs. La première partie gravite tellement autour de la souffrance qu'on se demande si l'artiste porte tout le poids de la misère humaine sur ses épaules!

Que voulez-vous: «L'enfance est un couteau planté dans la gorge. On ne le retire pas facilement», a écrit Wajdi Mouawad. Et l'enfance de Mauffette est un terrain miné et... enchanté.

Il faudra attendre plus de 30 minutes pour voir (enfin) son autre côté. Festif, lumineux, rabelaisien. Ses fêtes d'enfants à Dorion, près du lac, entouré de sa grande famille et des voisins (non les moindres: Félix Leclerc, Janine Sutto, Henri Deyglun).

Puis, il nous fera jouer (sur de vieux tourne-disques) ses chansons préférées de Leclerc, Monique Leyrac ou Guy Béart. Parlera de la poésie de son père. De la bonté de sa mère. Et du désir insatiable (il apprécie la beauté quand elle se présente devant lui).

La mise en scène, assez chargée pour un spectacle intimiste, reflète son penchant à tout donner, comme si la vie pouvait cesser à chaque instant.

Finalement, si l'enfance est un monde sans cesse à explorer, Mauffette découvre, à 55 ans, qu'il n'est jamais trop tard pour se réconcilier avec elle.

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Au Studio-théâtre de la Place des Arts, ce soir à 19h.