Le metteur en scène Daniel Paquette aime «tordre» les classiques du théâtre, les moderniser pour les rapprocher du public actuel. Après Molière, Shakespeare et Corneille, voilà qu'il s'attaque à Racine, en montant l'une de ses plus célèbres tragédies, Bérénice. Le résultat est peu convaincant.

À la mort de son père, l'empereur Vespasien, Titus s'apprête à régner sur l'Empire romain. Or, il doit d'abord choisir entre le pouvoir et son amour pour Bérénice, la reine juive de Palestine. Mais Rome s'oppose au mariage de son souverain avec une étrangère, reine de surcroît.

Comment alors se décider à quitter la femme qu'on aime? Et comment lui dire sans se consumer? Avec les vers sublimes de Racine; probablement les plus beaux de la langue française. Titus quittera Bérénice, car «il ne s'agit plus de vivre, il faut régner». L'honneur ou la passion, déchirant duel, et pas seulement pour le couple: Antiochus, roi de Comagène, ami fidèle de Titus, est aussi amoureux de Bérénice...

Daniel Paquette a transporté l'intrigue dans la Rome fasciste des années 30 et commence la pièce sur un air de Cole Porter... Ce qui pourrait se défendre, or rapidement ça devient un fourre-tout de styles et d'influences qui nuisent au texte. Comme ces costumes hétéroclites, robe de soirée charleston, veste militaire décorée, tuniques et autres turbans perses! Titus (Alexandre Goyette) enlève sa veste au milieu de la pièce et joue jusqu'à la fin en bras de chemise et en bretelles. À l'acte 4, Goyette livre le monologue de Titus, les mains dans les poches... Plus tard, l'empereur racinien pleure assis à califourchon sur le dossier d'un canapé! Lise Martin joue la sensualité de la reine comme une actrice des Ziegfeld Folies. Carl Poliquin transforme Antiochus en dépressif chronique. Les serviteurs des trois héros épient leurs maîtres comme dans un sketch du Coeur a ses raisons! Seul, Marcelo Arroyo est crédible en Paulin, le confident retors de l'empereur romain.

Le metteur en scène a aussi travaillé avec Anne Bédard le phrasé des vers pour les rendre plus accessibles aux oreilles d'aujourd'hui. Ce qui fausse l'émotion et la pureté mélodieuse de la langue de Racine.

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À la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier. Jusqu'au 24 novembre.