Rémi-Pierre Paquin a les bras décorés de (faux) tatouages et une allure de rockeur du dimanche lors de notre rencontre pendant sa pause du tournage de la série Rock et Rolland, diffusée à TVA. Or, le motif de notre entretien n'est pas de jaser télé, mais bien pour dévoiler les couleurs du Festival de théâtre de rue de Lachine.

Il s'agit de la quatrième mouture de ce festival dirigé par Paquin et ses acolytes de toujours Yves Dolbec et Philippe Gauthier, après son départ de Shawinigan.

«On aime positionner l'événement de la façon suivante: si tu veux venir avec tes kids en début de soirée, c'est cool, mais c'est aussi un festival où tu peux voir des affaires plus hardcore pour adultes», exprime le comédien doté d'un penchant marqué pour les propositions audacieuses, périlleuses, pour ne pas dire carrément champ gauche.

Comme le veut la tradition lachinoise, le territoire sera habité par cette rencontre artistique qui aura lieu les 23, 24 et 25 juin. Le gazon vert, le Dairy Queen, le phare maritime, l'église accueilleront les tribulations d'une vingtaine de compagnies françaises, québécoises et suisses.

Rémi-Pierre Paquin ne tarit pas d'enthousiasme, en parlant de Joseph K., qui réinterprétera l'histoire avec une visite guidée qui se promènera dans la ville de Lachine. Le Groupd'ArtGravelArtGroup s'installera dans le stationnement du Dairy Queen pour une chorégraphie... laitière!

«Il y a des musiciens, des danseurs, un gars qui va acheter un cornet de crème glacée. Et puis, le cornet fond tranquillement sur la musique!», raconte Rémi-Pierre Paquin.

La rue dans le gazon

Logé au beau milieu du tourbillon des festivals montréalais - il est question que l'événement bouge en août l'année prochaine - le Festival de théâtre de rue de Lachine a le mérite de faire sortir les urbains de leur zone de confort, aux sens géographique et artistique du terme.

Des spectacles événementiels mémorables et «enflammés» - comme le show pyrotechniques de Cie Doedel, sur une musique de We Were Wolves - à la performance quasi prémonitoire de Thierry Marceau - qui faisait Michael Jackson le jour même de sa mort, et qui, cette année, se transforme en Marilyn Manson -, le Festival permet de voir de l'inattendu, du stupéfiant...

Le spectacle central de cette année: une chorégraphie entre ciel et terre de la compagnie suisse Orbite. «C'est impressionnant!», promet Rémi-Pierre Paquin, en parlant de la performance des acrobates-danseurs qui s'exécuteront sur une grosse structure haute de six étages.

La compagnie Tête de pioche, qui s'inspire de l'oeuvre de Boris Vian pour composer ses spectacles, exécutera une procession funéraire poétique sur une grosse structure de bois.

«On a aussi une bonne scène musicale qui finit à 1h du matin», rappelle Rémi-Pierre Paquin, qui a convié à la fête ses amis des Frères Goyette, Canaille, les Breastfeeders...

La Chine... le pays!

Moribond et mal en point, lors de sa disparition de Shawinigan, le Festival de théâtre de rue de Lachine a pris sa vitesse de croisière et lorgne des ailleurs attirants. «Nous sommes invités à Alesse, en France, pour représenter le Canada lors d'un congrès sur le théâtre de rue. On va essayer de créer un réseau avec l'Espagne, la France et aussi la Chine», explique Rémi-Pierre Paquin qui, avec son humour involontaire, prend soin de préciser qu'il est question ici de «la Chine, le pays!»

En auto - «à quatre dans un taxi, c'est 5$ chaque» - ou en vélo - «mais bon, sur la piste cyclable chaudasse à 1h du matin, fais attention» -, on ira bien sûr les saluer, les théâtreux de rue de Lachine. La vue sur le fleuve y est superbe et ça change du béton.

Le Festival de théâtre de rue de Lachine, les 23, 24 et 25 juin à Lachine. Info: www.theatrederue.com