La nouvelle création d'Hugo Bélanger s'inspire d'une bien drôle d'histoire: celle de la troupe de théâtre ambulant Galimard & fils, qui, pendant près de 200 ans, a interprété en France et en Europe les récits fantastiques du baron de Münchhausen, Karl Friedrich de son prénom, né dans le nord de l'Allemagne au XVIIIe siècle.

Bien connu pour son théâtre de masques et de marionnettes (Alice au pays des merveilles, La princesse Turandot, L'oiseau vert), Hugo Bélanger a d'abord créé une première version de Münchhausen en 2005 pour le Théâtre La Roulotte, qui sillonne chaque année les parcs de l'île de Montréal avec ses spectacles en plein air.

Cette nouvelle mouture, nous assure-t-il, est un tout autre spectacle. D'abord parce qu'il s'adresse à un public adulte, et puis parce qu'il a pris un tout autre tournant, construit autour du thème du théâtre des machines (du XVIIIe siècle), avec ses rails et chariots, poulies et cordages. Les effets spéciaux de l'époque, quoi!

Hugo Bélanger met donc en scène cette troupe de théâtre française, qui a vraiment existé, dans son ultime représentation des récits du baron qu'elle a donnée en 1974, près de 200 ans après sa fondation. «On raconte que cette dernière représentation a été perturbée par un spectateur qui prétendait être le baron de Münchhausen en personne, raconte l'auteur et metteur en scène. Et que le spectacle a dû être interrompu.»

Qu'à cela ne tienne, Hugo Bélanger et son équipe ont cherché à faire revivre aux spectateurs cet épisode singulier en tenant compte de cet élément perturbateur, qui pourrait bien compromettre les représentations données au Théâtre Denise-Pelletier... Nous n'en saurons pas plus. Il faudra y être pour voir. Mais qui est donc ce baron et comment expliquer le succès de ses récits?

Hugo Bélanger croit que le secret du baron est dans la légende construite autour de ce personnage excentrique, qui aimait bien faire le récit (exagéré) de ses campagnes militaires, notamment celles qui l'ont mené en Russie pour combattre les Turcs, mais aussi de ses nombreuses parties de chasse.

D'autres récits fantastiques lui ont également été attribués, comme ce voyage sur la Lune, ce vol sur un boulet de canon ou ce séjour dans le ventre d'un poisson... Des histoires qui ont même été portées à l'écran en 1989 par Terry Gilliam.

Raconter des histoires

«Je me suis accroché à ce côté rêveur du personnage, même si on ne sait plus très bien si c'est le baron qui a vraiment raconté ces histoires ou si elles proviennent d'auteurs comme Rudolf Erich Raspe, qui l'ont bien connu et qui ont voulu faire ressortir le côté «menteur extraordinaire» du baron de Münchhausen.»

En quoi les rêves sont moins vrais que la réalité? Voilà la question que s'est posée Hugo Bélanger.

«C'est le plaisir de raconter des histoires, un peu comme le fait Fred Pellerin, précise-t-il. Parce que les gens ont besoin de poésie, de fantaisie. Comme le disait Samuel Beckett, lorsqu'on est dans la merde jusqu'au cou, il ne nous reste qu'à chanter! C'est tellement vrai. Lorsqu'il n'y a plus rien, il nous reste la culture. L'inutile devient alors essentiel.»

C'est ainsi qu'Éloi Cousineau se glissera dans la peau de Gustave Galimard, dernier Galimard de cette longue lignée à interpréter le rôle du baron. Il sera entouré de Carl Poliquin, Marie-Ève Trudel, Philippe Robert et Audrey Talbot, qui font partie de cette troupe de théâtre forain hors du commun, ressuscité par le Théâtre Tout à trac.

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Du 14 au 29 janvier au Théâtre Denise-Pelletier.