Martine à la plage, dernière création du jeune auteur et metteur en scène Simon Boulerice, est ni plus ni moins qu'un délire sur le thème «l'amour rend aveugle». Sa Martine, interprétée par Sarah Berthiaume (sa partenaire au sein d'Abat-Jour théâtre), est en effet une adolescente myope qui tombe en amour avec son voisin optométriste... et s'abîme volontairement la vue pour le voir plus souvent.
Ce n'est là que la pointe de l'iceberg narratif. Martine, ado un brin attardée pour ses 15 ans, voit aussi des stars décédées dans les angles morts de ses lunettes et use volontiers son jeu Ouija pour lire l'avenir. Son voisin, Gilbert Marcel (clin d'oeil ironique aux auteurs de la série illustrée Martine, lancée dans les années 50), a ceci de particulier qu'il est albinos, ce qui a tout pour séduire une jeune fille qui affectionne les fantômes.
Simon Boulerice ne fait pas preuve d'imagination que sur le plan dramaturgique. Sa mise en scène fourmille elle aussi d'idées inusitées sur le plan visuel, qui servent à camper l'époque et alimentent le récit. Ses «effets spéciaux» tiennent à l'utilisation judicieuse d'acétates à l'aide d'un rétroprojecteur, d'un ViewMaster (trouvaille amusante) et de bonnes vieilles diapositives. Un outillage technique exploité avec inventivité et manipulé en direct par Martine elle-même.
Seule actrice en scène, Sarah Berthiaume interprète avec enthousiasme et justesse cette caricature d'adolescente amoureuse, même si le charisme lui fait défaut. Le texte qu'elle porte pourrait toutefois être élagué. La pièce souffre en effet de longueurs et d'une fâcheuse tendance à en dire trop qui diluent bien sûr l'impact d'une mise en scène joyeusement décalée.
Martine à la plage, bien qu'anecdotique, s'avère une comédie amusante et originale. Surtout, c'est l'oeuvre d'un créateur qui, même s'il n'est pas encore mûr, se montre capable d'exploiter et de jouer à fond avec les codes de la représentation théâtrale. On continue à le garder à l'oeil.
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Martine à la plage, jusqu'au 25 septembre au bain Saint-Michel.