Même dans ses délires les plus tordus et ses zones de création les plus étranges, l'humour de Stéphane Crête et consorts est généralement rassembleur. En savant fou ou en «entertainer» égocentrique, le Dr Crête est un fin ludique qui sait discerner entre «liberté créative» et le «n'importe quoi.»

La pièce Mycologie s'annonçait fantaisiste et recherchée, avec ses promesses de percer le mystère de l'univers des champignons. Champignons magiques, champignons mystiques, champignons initiatiques, champignons chamaniques, champignons gastronomiques... Stéphane Crête a jeté son dévolu sur un thème doté d'une riche inflorescence.

L'intention de départ était prometteuse. Mais le résultat sur la scène de l'Espace GO n'est pas aussi intéressant que la démarche.

Dans un chaos circulaire où sont disposés un milliard d'objets - canapés rétro, plantes vertes, podium en forme de champignon - s'exécutent une brochette d'acteurs engagés à fond dans le projet de leur metteur en scène. Une Dominique Leduc en perruque blonde et verres fumés, qui compose une vamp scientifique assoiffée de découvertes mycologiques et de perversions sexuelles en tous genres.

On retrouve aussi Guillaume Chouinard, Stéphane Demers, Gabriel Lessard, Marianne Marceau et Gilles Renaud, qui sont balancés de tous bords, tous côtés: trips de mush, infections fongiques de la peau, émission de cuisine, thérapie de groupe animée par un disciple de Raôul Duguay, conte romantique...

Pendant les deux heures quinze (sans entracte), que dure Mycologie, on se perd plus d'une fois, on cherche en vain à s'accrocher à un sens, on tente de faire preuve de bonne foi, on fait un effort. Sauf qu'à vrai dire, lorsqu'on est rendu à utiliser de faux pénis pour faire rire le public, c'est qu'il y a péril en la demeure.

Le plus désolant, c'est que malgré ce manque de cohésion et de pertinence, on sent l'enthousiasme de Crête pour son sujet. Pour ce Mycologie trop long, qui s'égare dans des longues scènes décousues, Crête échoue à quitter le giron de la blague facile et des références qui ne font rire qu'amis et initiés. De sorte qu'à plusieurs moments, on a franchement l'impression d'assister au trip de mush d'une bande de copains qui se comprennent entre eux.

Pour halluciner, on hallucine. Mais il n'y a pas vraiment de trip.

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Mycologie, texte et mise en scène de Stéphane Crête, à l'Espace GO jusqu'au 23 mai.