Le metteur en scène français Christian Duchange, qui présente cette semaine Un malheur de Sophie aux Coups de théâtre, propose également jusqu'à dimanche ses Lettres d'amour de 0 à 10 ans à la Maison Théâtre.

Adaptation libre du roman de Suzie Morgenstern, la pièce, qui avait été présentée aux Coups de théâtre il y a deux ans, explore la rencontre de «deux enfants que tout oppose». La production a aussi reçu en 2005 le Molière du théâtre jeune public.

Seuls sur une scène dépouillée de tout objet ou accessoire -hormis un petit chariot à roulettes surmonté d'un rideau-, deux acteurs narrent et interprètent l'histoire d'Ernest, un garçon de 10 ans qui a perdu ses parents et qui mène une existence ennuyeuse à périr avec sa grand-mère.

Vu l'absence de décor, le récit repose entièrement sur le jeu des comédiens, un peu trop franchouillards par moments, et une trame sonore finement adaptée au jeu. Sans flafla ni artifice, notre duo raconte la touchante histoire d'amitié entre Ernest et Victoire, une jeune fille rencontrée à l'école qui changera sa vie en lui insufflant un peu de gaieté.

En dépit du fait que les acteurs sont beaucoup plus vieux que leurs personnages qui ont chacun 10 ans, le metteur en scène nous plonge avec adresse dans la vie tristounette de ce garçon qui n'a chez lui ni téléphone ni télévision et qui cherche à percer le mystère entourant la disparition de son père.

À l'origine de cette quête, une lettre écrite par son grand-père, mort au front pendant la Deuxième Guerre, qu'Ernest et sa grand-mère ne parviennent pas à décrypter. Grâce à Victoire et «ses contacts», ils résoudront l'énigme de la lettre secrète détenue par la grand-mère: le grand-père demande à son amoureuse de lui envoyer des culottes chaudes et des chaussettes!

Anne Cuisenier, qui interprète à la fois le rôle de la grand-mère d'Ernest, de Victoire et de la mère de Victoire, est très efficace dans ses identités multiples. Idem pour Bernard Daisey, qui interprète le rôle d'Ernest avec beaucoup de sensibilité, et qui devient même assez attachant. Tous deux offrent une solide performance d'acteurs.

Seul bémol. Le pari de Duchange de faire porter le chapeau de narrateur à ses comédiens qui interprètent également plusieurs rôles. On narre, puis on joue, et on change de personnage, puis on recommence, ce qui donne à ce spectacle une facture de récit de bibliothèque.

Le dénouement de cette histoire est à la fois touchant et surprenant. Ernest retrouve la trace de son père, qui lui fait parvenir des lettres qu'il a écrites tous les jours depuis 10 ans. Je ne vous raconte pas la finale, mais ça finit plutôt bien pour Ernest.

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Lettres d'amour de 0 à 10 ans, de la compagnie l'Artifice. À la Maison Théâtre jusqu'au 30 novembre. Pour les 9 à 13 ans.