Un invité de La Presse prend position sur des sujets qui marquent son actualité. Cette semaine: Marc St-Martin.

Le comédien Marc St-Martin est le doyen de Revue et corrigée: il en est à sa 12e participation au spectacle humoristique de fin d'année du Rideau Vert. En cette période riche en actualités, qui a même inventé le terme de «fake news», la nouvelle équipe de création a l'embarras du choix. Avec René Simard à la mise en scène et Nicolas Lemay à la script-édition, la cuvée s'annonce corsée et sulfureuse. Eh oui... Marc St-Martin va parodier Éric Salvail. 2017 revue et corrigée est présentée au Théâtre du Rideau Vert jusqu'au 6 janvier 2018.

L'appropriation culturelle ou la récupération de symboles traditionnels en humour?

Pour

«Oh! C'est un sujet très, très délicat... La rectitude politique nous dit qu'il faut être contre, mais j'ai de la difficulté à ne pas être pour, car je pense que tout peut être traité avec doigté, délicatesse et pertinence. Tant au niveau des personnalités que des groupes ou communautés culturelles. On est très sensibles à ça et on redouble d'efforts pour être respectueux. Dans le cas de la revue, nous sommes engagés pour défendre des textes écrits par d'autres. On a notre mot à dire sur le contenu, mais ce n'est pas notre matériel ; c'est celui des auteurs, du metteur en scène et du script-éditeur.»

Aborder le mouvement #moiaussi dans une revue de l'année?

Pour

«On n'abordera pas tous les cas dénoncés: il y en a trop! Mais il fallait trouver une façon d'en parler, un angle humoristique, sans banaliser les actes et les victimes. On le voit bien ces temps-ci: la réception d'un sketch est très relative, subjective. C'est de plus en plus casse-cou. Or, au-delà de ses moments comiques, une revue, c'est aussi l'occasion de faire un bilan, de réfléchir. De plus en plus, on a la mémoire courte. On oublie des évènements marquants qui se sont passés il y a six mois.»

«Casser» un acteur à l'école de théâtre?

Contre

«Je suis contre la méthode de "casser" un acteur, dans la mesure où c'est synonyme de briser, d'humilier, d'enlever son authenticité, son individualité. Par contre, une formation doit nous pousser hors de notre zone de confort. Un enseignant voudra donc "casser" des tics, des réflexes, des béquilles, pour permettre à son élève de devenir un meilleur interprète. Personnellement, à l'École nationale, personne n'a tenté de me briser. Je n'ai pas senti que les profs étaient trop durs avec moi; même si, parfois, j'ai reçu des commentaires ou des critiques sévères envers mon jeu. Or, je savais que c'était pour m'améliorer.»

L'adaptation de formats américains à la télé québécoise?

Pour

«Je ne suis pas contre importer des formats... mais dans la mesure où les diffuseurs privilégient des concepts originaux, à saveur québécoise. Et je trouve que nos créateurs en ont fait de très bons, en humour, avec des comédies comme Like-moi!, Les Bobos, Un gars, une fille et bien d'autres. Le talent des auteurs et concepteurs d'ici est indéniable.»

L'omniprésence des stars sur nos écrans? 

Contre

«Je n'ai aucun problème avec le star-system québécois. Toutefois, j'en ai contre cette tendance à toujours choisir les mêmes têtes d'affiche. Pour tous les rôles! Vous allez dire que j'ai un parti pris, n'étant pas une tête d'affiche... Or, je crois que le public aime bien découvrir de nouveaux interprètes de talent. Comme Vincent Leclerc dans Les pays d'en haut ou Ève Landry au début d'Unité 9. Je comprends qu'il faut des vedettes dans une production: ce sont des locomotives sur un projet. Néanmoins, à mon avis, une vedette n'est pas nécessairement une valeur sûre [pour la réussite d'une série, d'un film].»