Comptant 30 ans de carrière, Daniel Lemire présentera la première montréalaise de son 10e solo, 100% Lemire, jeudi, à la salle Pierre-Mercure. Un spectacle créé par l'humoriste de 59 ans avec son vieux complice Denis Bouchard et dans lequel on retrouvera ses personnages Ronnie et Oncle Georges.

D'où vient cette nouvelle collaboration, 25 ans après votre première union artistique?

Daniel Lemire : Nos chemins se sont séparés pendant plusieurs années, puis on s'est retrouvés au Grand Rire de Québec en 2013, alors que j'animais un spectacle. L'idée de travailler ensemble à mon nouveau spectacle a alors germé. On a eu beaucoup de plaisir à se retrouver. Avec lui, il n'y a pas de place pour la complaisance.

Denis Bouchard: J'ai connu Daniel aux Lundis des Ha! Ha! Puis, j'ai fait trois spectacles avec lui pendant huit ou neuf ans, mais après, j'ai fait bien d'autres choses. Là, ça fait huit mois sans arrêt qu'on est sur 100% Lemire!

C'est un spectacle 100% Lemire ou 50% Lemire, 50% Bouchard?

D.L.: Ha! Ha! Denis a beaucoup participé à l'idéation du spectacle. J'arrivais avec des idées, on en parlait et, du coup, à un moment donné, on ne savait plus trop de qui ça venait! Il y a eu une osmose assez claire. C'est 100% Lemire car je suis tout seul sur scène. Il y a beaucoup de Bouchard, mais c'est mieux de ne pas trop le dire!

D.B.: Ben non, au contraire! Tu devrais en parler un peu plus! Sérieusement, l'humour de Daniel, c'est quelque chose qui me parle beaucoup. C'est facile d'entrer dans son monde. J'ai fait un travail d'auteur, mais Daniel est partout. Même quand il n'est pas sur scène, il est là! On ne peut pas tout vous dire!

Après 30 ans, Daniel Lemire peut-il encore surprendre le spectateur?

D.L.: Je l'espère! La surprise est une grande partie de l'humour. En même temps, je ne peux pas réinventer la roue. Et le changement de style pour être au goût du jour n'est pas forcément une bonne idée. J'ai mes forces et mes faiblesses. Je mets l'accent sur mes forces et j'essaie de camoufler mes faiblesses!

D.B.: L'artiste fait toujours à peu près la même chose tout en se réinventant à l'intérieur de ce qu'il sait faire. Daniel a créé des personnages absolument extraordinaires et il leur fait faire des choses nouvelles, en se dépassant.

Dans ce spectacle, il est question du vieillissement de la population...

D.L: J'en fait partie moi-même! Comme la majorité de mon public! Ça permet de parler des maisons de retraite où il y aura bien d'anciens Hells à un moment donné! Eux aussi vieillissent!

Il a vieilli, Daniel Lemire?

D.B.: Bien sûr qu'il a vieilli! Heureusement! Il se couche plus de bonne heure. Comme un bon cru, il a bien vieilli. Mais tu ne le bois pas avec n'importe quoi! Il faut le sortir pour les grandes occasions...

Il est aussi question de politique dans 100% Lemire...

D.L.: Je parle de la situation actuelle pas très rose au provincial et au fédéral, ce qui permet d'évoquer l'exploitation du pétrole, les valeurs qu'on veut avoir, la religion et la montée de la droite. Rendre tout ça comique n'est pas facile!

D.B.: On a tous les deux l'impression que parfois, personne ne chauffe le train! Ça n'a aucun sens qu'on ne se tienne pas plus debout. On ne pouvait pas ne pas aborder ça.

Il y est aussi question de religion, un sujet délicat.

D.L.: Délicat, mais il faut en parler. Il y a des choses inacceptables qui se passent. On a fait des avancées sociales incroyables depuis 55 ans. On ne reculera pas là-dessus quand même! Il faut respecter les croyances des autres, mais jusqu'à un certain point. Quand des créationnistes arrivent à des postes de commande, là, j'ai un problème...

D.B.: Au départ, on voulait fesser beaucoup plus fort, mais trouver l'angle comique sur la religion, ce n'est pas évident.

Ronnie et Oncle Georges sont de retour...

D.L.: Ronnie permet de parler du thème de la légalisation de la marijuana. C'est un numéro léger.

D.B.: Pis, on en vend à la fin du spectacle! C'est plus intéressant que d'en fumer!

D.L.: Oncle Georges, lui, est devenu un coach de vie, mais c'est un des seuls coachs zen qui engueulent le monde! J'ai renouvelé ce personnage qui est pour moi un défoulement total.

Un 11e solo est-il en préparation?

D.L.: Non! On espère jouer celui-ci longtemps. Si les gens sont au rendez-vous, on en fera un autre. Je n'ai jamais pensé arrêter. Ce n'est pas un métier où tu penses à la retraite.

D.B.: On s'est amusés comme si c'était la dernière fois qu'on le faisait ensemble. C'est l'fun de se donner cette urgence-là.

À la salle Pierre-Mercure les 11 et 12 mars et le 6 mai, et en tournée. Toutes les dates: daniellemire.com