Amoureux de la scène depuis sa tendre enfance, Olivier Martineau a bien fait d'investir l'humour. L'ex-enseignant en art dramatique a été fort convaincant, hier soir, lors de la première médiatique de son premier spectacle solo, un show parsemé de fous rires.

Sur l'affiche de son spectacle, Olivier Martineau est en costume cravate. Un dandy qui se protège des intempéries de la vie avec un parapluie... mais qui a les pieds dans l'eau. Voilà un humoriste-philosophe qui aspire à plus de bon sens dans sa vie, mais comme tout le monde, il constate que l'on n'échappe guère aux absurdités, aux incongruités, aux déceptions du quotidien.

Et c'est de cette fibre qu'il va tisser son propos pendant une heure et demie, avec sa voix toujours aussi forte et son allure dégingandée, sorte de croisement entre Jerry Lewis et André Sauvé. Mais avec un talent inné, celui de conter toutes sortes d'histoires en faisant croire qu'elles sont légères. Alors qu'elles abordent toutes les facettes obscures de l'humain.

Il débute en affirmant que «le monde est cave, y a que des épais, suffit d'ouvrir la télé. Y a jamais de bonnes nouvelles. La seule bonne nouvelle, elle est commanditée, c'est tout dire».

Puis l'humoriste dans la jeune trentaine se met à rire de la mère d'un jeune garçon, acteur d'un incident qui s'est retrouvé aux nouvelles. Une histoire de bonne femme, pauvre, en jogging, avec une sacoche banane, dans laquelle il évoque plus la pauvreté d'esprit que l'indigence financière.

«Une soucoupe volante, ça passe toujours au-dessus d'un camping, mais jamais au-dessus d'une université», lâche-t-il, avant de prévenir que «ce soir, [il dira] des vérités avec honnêteté».

Et c'est effectivement la piste qu'il suivra à 100 à l'heure, avec son débit incomparable, durant tout son spectacle. Avec un texte précis, long comme le Mississippi, tricotant serré des anecdotes toutes plus délirantes les unes que les autres. Sur son célibat. Sur sa vie solitaire. Sur sa condition physique: «J'ai eu la bactérie mangeuse de chair, mais elle est morte au bout de deux jours.»

Et se permettant parfois des comparaisons savoureuses. «Découper une madame dans une salle de bain, c'est comme manger un millefeuille dans une voiture: tu peux pas faire ça propre!»

Il fait des blagues sur les grassettes, précisant qu'il ne vise personne. «Je parle au sens large!» Pratiquant allègrement le coq à l'âne, Olivier Martineau a mis le public dans sa poche, hier soir. Il est rare de voir des spectateurs rire autant à l'unisson et à tous les punchs ou presque. Et puis, il écrit bien. Un mélange de poésie et d'observations. «Un écureuil, c'est un rat habillé chic, une pute en manteau de fourrure, c'est doux dehors, mais tu sais que c'est sale en dedans.»

Il fricote parfois avec le surréalisme, et dans sa bouche, ça passe bien. Quelques rares blagues tombent à plat, mais on lui pardonne, car il enchaîne tout de suite avec autre chose, nous propulsant dans un autre univers.

Cet humoriste champ gauche qui n'a pas fait l'École de l'humour avait connu de beaux succès en 2010 lors du gala Juste pour rire de François Morency, puis en 2013 lors du gala animé par Emmanuel Bilodeau. Il avait obtenu deux ovations enthousiastes du public qui se seront révélées des tremplins pour sa carrière.

En supplémentaires les 4 et 5 décembre à Montréal