Puisqu'il faut appeler un chat un chat, disons-le tout de go: Catnip!, la comédie musicale présentée au Club Apollon, est un OVNI théâtral. Une proposition insaisissable, voire incompréhensible, pour qui exerce le métier de juger du sens et de la forme d'une oeuvre scénique.

Produit par Transthéâtre et mise en scène par Jean-Pierre Pérusse, Catnip! est signée par l'auteur de Party de bureau, Michel Duchesne. Ce dernier s'est lancé dans ce projet avec ferveur et de très bonnes intentions: rehausser l'offre culturelle du Village gai, offrir au quartier des «spectacles vivants et rassembleurs». D'où le choix de cette discothèque, au coeur du Village, pour présenter la pièce durant l'été, en parallèle à l'événement Aires libres et à la piétonnisation de la rue Sainte-Catherine.

Si l'auteur a fait l'impossible pour réaliser son projet, le résultat, amusant certes, laisse songeur et donne l'impression qu'il a probablement manqué de temps pour peaufiner le livret et tester ses chansons.

Le mélange des genres

Avec le compositeur Stéphane Boucher, Duchesne a voulu donner un côté «années 80» à la musique. Or Catnip! mélange tellement de styles (new wave, rap, country, rock, métal) qu'au final, ça sonne comme un juke-box mis sur le programme «random», sans ligne directrice, ni mélodie dominante. Les 14 chansons n'ont pas d'air accrocheur, et ne risquent pas de vous rester dans la tête après le spectacle. Idem pour le livret, qui explore plusieurs avenues sans rien cerner ni proposer d'intrigue ou de thème précis. Au bout de 90 minutes, on peut difficilement répondre à la question: «Alors, de quoi ça parle?»

Essayons donc...

C'est l'histoire de Solange (Joe Bocan), une mère de famille retraitée, dépendante aux pilules, à la télévision et constamment branchée sur Canal Chat (sic!). Une chaîne qui semble avoir un seul animateur, Réginald Original (Frédéric Barbusci), un croisement entre Michel Louvain et Éric Salvail sur le speed! Le morne destin de Solange sera chamboulé par l'arrivée inopinée dans son salon de la Brigade arc-en-ciel: trois utopistes ayant pour but de la sortir de sa déprime. Mais Angry Doctor (Dominic Dagenais), sorte de punk malveillant, va tout faire pour les en empêcher.

Vous aurez compris que ces personnages sont simplistes et manichéens. Affublés de costumes grotesques, ils nous font penser à des personnages d'émissions pour enfants, comme La Ribouldingue ou Les cent tours de Centour (pour les moins de 40 ans, vous pouvez aller voir sur YouTube), égarés dans un drôle de drame pour adultes!

Cynisme et dépendances

Dans son mot au programme, l'auteur écrit avoir voulu aborder «le devoir d'être heureux» en Occident. Qu'il a «soif d'entraide et besoin de joie pure» pour «vaincre l'individualisme et les dépendances». Avec en toile de fond, un message écologique et humaniste pour sortir notre époque du cynisme. Cela ressemble plus à un pamphlet qu'à une bonne idée de comédie musicale.

Jean-Pierre Pérusse utilise assez bien l'espace (ingrat) de la piste de danse de l'Apollon. Sa mise en scène entremêle des effets sonores et visuels assez sympathiques. Elle reproduit aussi un studio de télévision où une partie du public est mise à profit. Toutefois, sa direction d'acteurs manque de nuance.

Reste à voir si Catnip! peut rebondir sur ses pattes et s'améliorer durant l'été. On lui souhaite. Après tout, un chat a neuf vies!

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Les vendredi et samedi soir jusqu'au 26 juillet, au Club Apollon. Comme le spectacle est présenté dans un bar, il faut avoir 18 ans et plus pour y assister.