Elles s'appellent Virginie et Mariana. La première est pince-sans-rire et plutôt posée, la seconde est une tornade verbomotrice. Les deux humoristes partageaient jeudi soir pour la première fois la scène du Théâtre St-Denis 2 dans Mazza/Fortin. Chacune leur tour, elles sont venues présenter 45 minutes de leur matériel au public montréalais.

C'est ensemble qu'elles ont commencé leur performance, avec un numéro dans lequel Mariana tentait de présenter Virginie. Les deux jeunes femmes ont joué d'emblée sur leurs styles bien différents. La bruyante Mariana est donc venue perturber le flegme de la calme Virginie qui a fini par lui céder la scène. «Elle tape beaucoup moins sur les nerfs en solo», a rassuré Virginie Fortin en présentant sa complice.

Une jeune femme charismatique

L'énergique Mariana Mazza n'a pas manqué de démontrer sa présence scénique et sa facilité à livrer son texte malgré son impressionnant débit.

La jeune humoriste a fait vivre au public des anecdotes qu'elle raconte avec son franc-parler. Que ce soit une fille qui monte dans sa voiture ou une autre qui vomit devant elle dans les toilettes, tout est matière à se transformer en véritable aventure pour Mariana.

Après avoir parlé de ses tatouages assez inhabituels (un poulet, une dinde, un hamburger), elle a ensuite choisi de rire des clichés entourant les communautés culturelles en abordant ses origines arabes et latines et son enfance à Montréal-Nord.

Mais c'est en racontant son voyage en première classe en avion vers Paris que Mariana fait le plus rire, présentant un sketch qui semble davantage à la hauteur d'une salle comme le Théâtre St-Denis 2. La jeune femme charismatique gagnerait pourtant à ce que son énergie débordante soit un peu mieux canalisée. Pendant près de 45 minutes, elle part un peu dans tous les sens, se perdant à certains tournants.

Un univers pince-sans-rire

Virginie Fortin a repris les rênes du spectacle après l'entracte, invitant le public à pénétrer dans un univers plus absurde et pince-sans-rire.

Des fantômes aux personnages âgés en passant par les sans-abri, la jeune humoriste peut rire de tout avec le plus grand sérieux du monde. En pleine maîtrise de son texte, elle livre de très bonnes lignes en comparant les quartiers et les villes à des personnes: «Longueuil, c'est ton voisin attardé. Pis il y a Laval. C'est pas une personne. C'est juste une casquette avec des mags», lance-t-elle en essayant toujours de pousser le malaise un peu plus loin.

Un début de performance sans faux pas qui s'essouffle quelque peu quand elle en vient à parler de papier hygiénique. Étrangement, ce numéro conviendrait mieux à Mariana, même si Virginie ne s'en tire pas si mal.

De retour en duo pour le mot de la fin, les deux humoristes concluent sur un numéro chanté où Virginie imite Mariana avec brio.

Un spectacle de cabaret

Bien qu'on apprécie la soirée passée en compagnie de ces brillantes humoristes de la relève, on ne comprend toujours pas vraiment pourquoi elles partagent l'affiche, si ce n'est du point de vue de la stratégie marketing de leur producteur. On retrouve dans Mazza/Fortin une série de petits sketchs sans grande homogénéité mais tout de même très drôles, dont certains qu'on a déjà pu voir dans le cadre du Zoofest.

Mazza/Fortin est d'ailleurs plus proche d'un spectacle de cabaret que de salle de spectacle. Ce qui est tout à fait normal pour ces talentueuses jeunes artistes. On espère les revoir très vite, mais séparément.