Bruno Coppens, le plus québécois des humoristes wallons, avait fait un tabac l'an dernier avec son spectacle Ma terre happy. Le digne héritier de Sol revient nous visiter avec sa dernière mouture, Mes singeries vocales, une comédie dans laquelle il chante et joue abondamment avec le public.

Il y a deux ans, Bruno Coppens a eu 50 ans. Moment charnière où «le chemin mène aux pauses!», dit-il. Il s'est alors senti en décalage par rapport aux plus jeunes. Notamment à cause des changements technologiques que son cerveau ne veut décidément pas intégrer!

«Pour les mots, c'est pareil, dit-il. En France, une auto s'appelle la Xsara Picasso. Quand je dis à ma fille de 20 ans de venir avec moi voir une exposition de Picasso, elle me répond "Pourquoi ? Tu changes de voiture?" Il y a vraiment un décalage sur le sens des mots.»

Son nouveau spectacle évoque donc ce temps qui passe et meurtrit le corps, et l'importance de conjuguer sa vie au présent. Il s'agit d'une comédie de bons mots, de jeux et de chansons dans laquelle il est accompagné d'un comédien-pianiste, Pierre Poucet, qui joue le rôle d'un serveur de bar.

«Je me suis dit que c'était bien de chanter les choses, pas seulement de les narrer, dit-il. Ça permet aussi de faire chanter les gens et d'aller plus loin dans la gestuelle. Et ça permet d'alléger aussi au niveau du débit.»

Il y a donc beaucoup de musique dans ce spectacle. Et un jeu, Allo-Ici, que Bruno Coppens propose au public qui doit trouver des jeux de mots. Du style Allorangeade-Icitronade! «C'est débile mais rigolo, ça peut devenir Alhostie-Iciboire! Allottawa-Icicoutimi! Ça marche du tonnerre!»

Il demeure qu'on va voir surtout Bruno Coppens pour ses trouvailles de jeux de mots puisqu'il demeure un rare chercheur d'or...iginalités de la langue française.

«J'essaie quand même de faire en sorte que les gens ne se sentent pas intimidés par les mots, par une sorte de domination du mec sur scène qui fait de beaux jeux de mots. Il faut que les gens sentent qu'ils peuvent se libérer de l'orthographe et jouer aussi avec la langue.»

Pour ceux qui n'ont pas vu son deuxième spectacle solo, il présentera aussi Ma déclaration d'humour le 15 novembre à la maison de la culture Villeray/St-Michel.

«Chaque fois, je suis étonné de l'accueil qui m'est réservé ici, au Québec, dit-il. Par rapport au public parisien où j'ai joué cet été, le public québécois est très porteur. Comme en Belgique. Il veut que sa soirée se passe bien. À Paris, il y a plus d'attente et de recul. Ici, il y a une vraie facilité de communication.» Du coup, il reviendra dans un an faire une tournée régionale du Québec avec Mes singeries vocales.

Ça fait 30 ans qu'il fait ce métier d'amuseur public avec pour compagnon fidèle le contenu du dictionnaire. Bruno Coppens a toujours autant de plaisir à faire rire et à faire aimer ce qui unit Wallons et Québécois, soit la langue de Brel et de Leclerc.

« Souvent, les diffuseurs trouvent que ce que je fais n'est pas assez populaire pour la télé, pourtant les réactions sont très bonnes partout. En Belgique, j'ai joué Mes singeries vocales 120 fois et à Paris j'ai fait 40 dates. Je crois que j'ai élargi mon public en incluant des chansons. Et j'assure que ce n'est pas prise de tête du tout!»

Mes singeries vocales, de Bruno Coppens. Le 14 novembre au Théâtre Outremont et le 17 novembre à la maison de la culture Mercier.