À quelques heures de la première médiatique de Forever Crazy sur les planches du Capitole de Québec, Dick Walsh, le directeur artistique du spectacle hommage aux 60 ans du Crazy Horse, s'affaire à ajuster, déplacer, raccourcir et revoir, à l'unisson avec les 10 danseuses et les techniciens, une foule de petits détails. Un exercice qu'il devra répéter au TNM dans moins d'une semaine. Le créateur a accueilli La Presse dans les coulisses de son spectacle.

«Il y a toujours un moment où on referait tout. On l'aime, on le déteste, on vit avec, on le trouve trop long ou trop court. C'est une véritable relation amoureuse!» lance Dick Walsh.

La veille de notre visite au Capitole, l'accueil du public avait été un peu froid. Effet de surprise ou choc des cultures? Pour Luc Laperrière, le producteur de la tournée Forever Crazy au Québec, cela s'explique en partie par le fait que le cabaret a été remplacé ici par le club de danseuses. «Tous les hommes que je connais aiment aller aux danseuses, plus encore au Québec qu'ailleurs dans le monde. Quand on parle du Crazy Horse, on parle d'abord de filles nues, mais si on n'attend que ça, on risque d'être déçu. Dans un club de danseuses, les filles s'offrent, alors qu'au Crazy Horse, elles se révèlent», nuance Dick Walsh.

Si le Crazy Horse fait partie du patrimoine culturel français, il devra faire ses premiers pas sur les planches québécoises avec doigté et Dick Walsh veille à adapter du mieux possible son spectacle, un medley des meilleurs numéros des 60 dernières années du mythique cabaret parisien, chorégraphiés par le créateur de la maison Alain Bernardin ou des artistes comme Philippe Découflé. Croisée au cours des répétitions, une équipe de la chaîne de télévision française TF1 est présente afin de capter les dessous du spectacle pour un documentaire sur la tournée au Québec. «C'est une tradition en France de diffuser des revues du Crazy ou des documentaires pendant le temps des Fêtes», explique un journaliste.

Pour mettre sur pied Forever Crazy, Dick Walsh a dû puiser dans la centaine de numéros du Crazy Horse pour sélectionner 12 tableaux, entrecoupés d'autres scènes qu'il a spécialement conçues pour la tournée. «Le Crazy Horse a un répertoire assez impressionnant, affirme Walsh. Il y a des numéros sur film, d'autres sur cassette. On s'est aussi servis d'articles qui racontaient ce qui se passait sur scène. La première partie de mon travail a été consacrée à la recherche, pour m'imprégner de l'ADN du Crazy Horse.»

Un défi de taille

Que ce soit à Québec, à Gatineau ou à Montréal, il faut aux techniciens parisiens deux jours de montage et de réglages pour que le son et les lumières qui habilleront les danseuses soient parfaitement synchronisés.

«C'est un show conçu pour 250 personnes et c'est là le plus grand défi. Avec la demande, il est maintenant fait pour 600! Il y a des numéros que j'adorais qu'on a dû enlever comme Infra Rouge, qui est superbe, mais pas adapté à des salles très grandes. C'est très intime et il ne peut être fait qu'à Paris. C'est un gros problème avec des salles comme le Capitole. On songe à intégrer des écrans dans certaines salles, où on verrait l'expression du visage des filles», dit le directeur artistique de Forever Crazy.

«Il y a aussi beaucoup de mathématiques: j'ai 10 danseuses et les changements de costumes sont longs même si elles ne portent pas grand-chose!», conclut Dick Walsh.

Portraits de deux girls du Crazy Horse

Daisy Blue

«On m'a baptisée Blue parce que mes yeux bleus ressortent beaucoup sur scène. Daisy, ça vient du personnage de Brigitte Bardot dans un film où ses jambes étaient doublées par une fille du Crazy Horse et parce que j'ai de longues jambes», explique la jeune femme tout en se maquillant devant son miroir.

C'est à 24 ans que Daisy tombe sous le charme de l'établissement parisien. Danseuse classique de formation, elle sera fascinée par Good Girl, un solo qu'elle interprète maintenant dans Forever Crazy. «En répétition pour mon premier spectacle, j'avais beaucoup d'appréhension, mais le jour même, les lumières, les décors et le fait d'être en groupe ou «armée erotika», comme on l'appelle, m'a fait oublier la nudité. J'ai développé un côté femme. Il y a toujours une partie de moi sur scène, mais je joue vraiment un rôle dans chacun de mes numéros», précise la danseuse.

Dekka Dance

Danseuse classique, la jeune femme de 20 ans s'est retrouvée sur la scène du Crazy Horse de Paris un peu par hasard. «Je danse pour le Crazy depuis plus d'un an. Je suis venue auditionner un peu les mains dans les poches et sans vraiment connaître le Crazy Horse. Ça a marché et j'ai découvert un milieu que j'adore maintenant. Mon nom de scène est directement lié à mon parcours: c'est un peu l'histoire de mon entrée au Crazy, de cette danseuse classique un peu innocente qui se féminise et devient un peu plus sensuelle», explique Dekka qui reprendra l'année prochaine ses études de droit, mettant ainsi un terme à sa carrière de danseuse.

Forever Crazy, du 9 au 21 juillet au TNM puis du 25 au 28 juillet à L'Étoile Banque Nationale.