Le rideau s'ouvre avec des oiseaux qui chantent. L'humoriste est couché sur un divan de psychiatre. Les spectateurs, qui jouent le rôle du psy, écoutent. Une heure plus tard, à l'entracte, la thérapie a bien fonctionné mais c'est le psy qui a mal aux côtes!

Présenté au Lion d'Or jusqu'à jeudi, le spectacle Ma Terre Happy! de et par Bruno Coppens partira ensuite en tournée dans 15 autres villes du Québec. L'humoriste wallon est en effet venu passer sept semaines dans la province parce qu'il en pince pour elle et... pour se changer les idées.

La Belgique vit une belle gifle politique, étant sans gouvernement depuis... 226 jours. L'impact est si grave que l'humoriste a commencé son spectacle en évoquant ce malaise qui déchire Flamands et Wallons. Évidemment avec humour. «Une situation flammantable, dit-il. Où wallons-nous? Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est misère! Ils veulent que la Belgicle et que l'État pète! Vous allez voir tous les Wallons s'enflammant...»

Bruno Coppens demande au public s'il est d'accord pour que la Belgique «se rattache au Québec». «Les Flamands aussi?», demande un spectateur. «OK, juste les Wallons! répond Bruno Coppens. On fera un référendum. De toutes façons, vous êtes habitués!»

Le Québec et le Canada ne sont pas en reste. Avec l'aide de Pierre Légaré, qui a adapté son texte au public québécois, Coppens écorche Pauline Marois («grinceuse» comme une porte) et Stéphane Dion («un rasoir canadien... jetable). Il évoque l'actualité québécoise: «les post-it, il les bastarache car il veut leur belle mort...»

Bruno Coppens joue avec les mots, jongle avec la langue, la déconstruit pour faire apparaître d'autres sens, créer d'autres mots. «Je presse les mots pour en faire un jus de mots», dit-il.

Et l'on rit de cette belle élasticité, de cette souplesse d'une langue qui n'est pourtant pas si jeune, mais qu'il sculpte à merveille comme l'ont fait, avant lui, Marc Favreau et Raymond Devos, qui ont tracé... sa voix. Oui, avec un x!

Comme ces deux grands de l'humour à qui il rend un hommage bien senti, Coppens sait rire avec les mots, sait émouvoir et intéresse avec des sujets d'actualité. L'environnement: «Là-haut, le glas sonne et la banquise perd ses eaux». Le président français Nicolas Sarkozy: «Il se prend tellement pour le roi Soleil que Carla a bruni».

Il aborde l'extrémisme musulman en faisant participer l'assistance qui apprend à conjuguer le verbe slam: «je slam, tu slam, islam!»

Intellectuellement riche, le spectacle réclame de l'attention car en bon «verbo-moteur», Bruno Coppens greffe les mots sans relâche. Attention, un jeu de mots peut en cacher un autre. Le public l'écoute religieusement, rit et se prête à ses invitations à jouer. Car c'est de jeu qu'il s'agit. Un jeu dont on ne se lasse pas, qui réchauffe l'esprit et le coeur, et qui mérite un chapeau bas.

______________________________________________________________________________

Ma Terre Happy! de et par Bruno Coppens. Ce soir et demain au Lion d'Or. En tournée au Québec jusqu'au 26 février.