Après avoir pas mal papouné ces deux dernières années avec ses deux bambins, Martin Petit revient à Montréal avec un spectacle pour 16 ans et plus où il est question de nos tabous. Micro de feu aborde la politique, le sexe, l'argent et d'autres us et coutumes du genre humain. Et ce, avec un humour vitaminé, protéiné et garanti sans gras...

Alors qu'il s'occupait de ses petits à la maison avec sa conjointe, Martin Petit s'est demandé si son prochain spectacle porterait sur l'aventure qu'est la paternité. Mais il a rapidement mis cette idée dans le bac à recyclage avec les couches lavables.

«J'étais imbibé de ça, la paternité, dit-il en entrevue. C'était tellement nouveau pour moi, et plein de délicatesses. Il y a une force là-dedans, mais aussi le risque de devenir gnan-gnan-gnan. Je me suis rendu compte que parler de mes enfants était d'un ennui... Et les gens qui me viennent me voir ne veulent pas vraiment entendre parler de ça; du coup, j'ai décidé de parler de tabous.»

Martin Petit a fait un sondage auprès de ses amis afin de savoir ce qu'était un tabou pour eux. Le sexe chez les aînés, notre rapport à l'argent, l'athéisme, les accommodements raisonnables. Tout y est passé. L'humoriste a pris des notes et est parti écrire dans un café, loin des biberons. Il en est sorti une suite de blagues brodées autour de 70 tabous.

«Je voulais que ça mitraille», dit-il.

Martin Petit a décidé de «rester dans la limite du plaisir». Son but n'est pas de choquer. Tabou, oui. Dégoût, non. «C'est facile de choquer le monde, dit-il. Mais il n'y a pas de plaisir dans la provocation.»

Dans son spectacle, on rit et on réfléchit. Martin Petit aborde la relation père-fils. Très tabou par chez nous, où rares sont les pères qui font la bise à leurs fils, contrairement aux papas latins ou du Proche-Orient. Alors dire «je t'aime» à son fils, hou-youille... «Mon père qui me dit «je t'aime» assez tard et du bout des lèvres, c'est pas mal un tabou pour bien du monde. Certains l'ont attendu toute leur vie et ne l'ont eu que sur le lit de mort. Il y a toujours un fond dramatique aux choses. L'être humain, quand il a un inconfort, il va arrêter de parler du sujet.»

Martin Petit donne pour exemple la «réclamée» commission d'enquête sur les rapports entre les partis politiques et le monde de la construction qui n'a pas vu le jour. «Ça sert quelqu'un, un tabou, notamment ceux qui refusent de parler, dit-il. C'est la même chose pour ceux qui ont donné leurs économies à Lacroix. Ils ont honte. Le silence sert l'agresseur. Moi, je veux enseigner à mes enfants de ne pas choisir le silence, de ne pas laisser les autres leur marcher dessus.»

Il cite le cas du gaz de schiste où les Québécois ont «brisé le silence». «C'est drôle que les politiciens s'indignent que les citoyens commencent à poser des questions. Et pourquoi? On veut pas se faire passer un deuxième Stade olympique! Ils disent que les gens sont contre le progrès. Y'a pas un politicien qui se tient debout! Mais au Québec, on dirait qu'on est quand même en train de développer une résistance au marketing et ça, ça les achale...»

Il aborde aussi le tabou qu'ont les parents qui n'aiment pas les remarques sur la façon dont ils élèvent leurs enfants. «On se compose en société des codes de conduite. Alors que tout devrait se questionner. Je parle de société, de politique tout en restant dans le plaisir pur. Après le show, on se rend compte qu'on est passé à travers tous les sujets et qu'on s'est bien amusé.»

Martin Petit a écrit son texte puis a peaufiné les punchs avec son conseiller en écriture, Dominic Sillon (de Dominic et Martin). Mais il laisse un peu de place à l'impro et aux suggestions que lui fournit l'actualité. «Il y a toujours de nouveaux tabous qui sortent! dit-il. Plus Anne-Marie Losique fait des apparitions publiques et plus ma joke sur elle pogne!»

Martin Petit et le micro de feu, du 5 au 7 octobre au Monument-National, à 20h, et le 10 octobre à la salle André-Mathieu (Laval).