Ne plus animer une quotidienne humoristique de trois heures a ses avantages: on peut se concentrer sur l'écriture d'un spectacle qu'on souhaite faire depuis longtemps. Avec Complices, Les Grandes Gueules remontent sur scène six ans après leur premier spectacle.

José Gaudet et Mario Tessier savent comment attirer l'attention, même si les fans sont loin de les avoir oubliés. En les voyant arriver sur scène tirés à quatre épingles, devant un décor new-yorkais aussi impressionnant que lumineux, on a conclu illico que les GG désiraient faire les choses en grand. Mais après cette entrée remarquée (le rideau ne s'est pas levé en ce soir de première montréalaise, hier) et un premier numéro ordinaire, elles ont vite retrouvé leurs pantoufles. C'est Jocelyne qui a fait son apparition sous les traits de José Gaudet. La belle épaisse est en prison après avoir tenté de commettre un meurtre. Égale à elle-même, elle n'a pas ménagé les commentaires disgracieux et surprenants.

 

Après, Les Grandes Gueules ont tenté de rester elles-mêmes devant le public, laissant bien souvent leurs personnages faire des leurs dans des capsules préenregistrées et diffusées sur écran géant. Une bonne idée? Les thèmes - Les Grandes Gueules en couple, C'est la faute aux femmes, On prend les demandes du public, Le Cirque du Soleil avec un aveugle, Le match d'insultes - annonçaient de bons textes. On est, cependant, souvent resté en superficie, avec des gags prévisibles qui sentent les fesses et des chutes plutôt faibles.

À la manière de Ti-Gus et Ti-Mousse, José Gaudet en a souvent donné beaucoup côté gestuelle pour faire crouler les spectateurs. On a plus d'une fois joué la carte de l'humour physique. Une façon de faire qui prend toute sa pertinence dans un numéro comme Pas de talent à revendre, avec des participants aucunement doués pour les variétés. Numéro, soit dit en passant, réussi. Il faut dire qu'il permet des apparitions de quelques personnages qui ont fait la joie des auditeurs à Énergie.

Les Grandes Gueules pourront-elles s'en sortir? C'est lorsqu'elles se déguisent en Ti-Rouge, Jean-Marie Biensur et autres Nrike Iglesias qu'elles provoquent le plus de rires. Et ce, même si on sent qu'elles ont tout donné dans les numéros où elles se présentent dans leur peau.

Une lueur d'espoir pour les humoristes en transition artistique: c'est à la toute fin de Complices, avec un court numéro-cabaret dans lequel elles personnifient Jerry Lewis et Dean Martin, leurs idoles, qu'on a senti que les Grandes Gueules ont d'autres intérêts artistiques que le simple sketch aux gags niaiseux. Un nouveau chemin trop vite exploré, hier.

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Complices, mis en scène par Lise Dion, au Théâtre Saint-Denis ce soir et demain ainsi que du 20 au 22 novembre et les 5 et 6 décembre.