Ces dernières semaines, tout le monde n'en avait que pour House of Cards, la série produite par Netflix en exclusivité pour ses abonnés. Le fait que cette série ne soit pas présentée sur les réseaux de télévision conventionnels montre bien que le vent est en train de tourner dans le monde de la télé. Ce n'est pas le seul indice.

La semaine dernière, la BBC annonçait qu'elle allait présenter plusieurs de ses émissions sur son application iPlayer avant de les présenter aux téléphiles sur la télé traditionnelle.

Les choses changent et la suprématie des grands réseaux de télé comme CBS, NBC et ABC disparaît tranquillement. Même Seinfeld, qui a régné en roi et maître sur NBC, a choisi le web pour présenter sa dernière production, Comedians With Cars Getting Coffee.

En fait, il y a longtemps que les grands réseaux ne nous surprennent plus. Ils ont été supplantés il y a quelques années déjà par des chaînes câblées comme HBO.

YouTube et Amazon

Or voilà que HBO, malgré sa série Girls qui connaît beaucoup de succès, n'est plus le petit nouveau qui dérange avec des projets un peu champ gauche. Aujourd'hui, l'innovation vient d'entreprises qu'on n'attendait pas nécessairement en télé.

Oui, il y a YouTube qui a créé une section Originals et qui a embauché des producteurs, des scénaristes et des réalisateurs pour produire du contenu original. Leur approche est épatante, mais pas nécessairement surprenante puisque YouTube est une entreprise déjà reconnue dans le monde de l'image.

Mais que dire d'Amazon, le géant de la distribution de livres qui se lance lui aussi dans la production de films et de séries? Étonnant, non?

Allez voir leur site, Amazon Studios (studios.amazon.com), vous n'en reviendrez pas: les gens présentent leurs projets, les meilleurs sont retenus et se rendent au moins à l'étape de pilotes. Les idées jugées inachevées sont renvoyées dans la section Notable Projects (Projets qui valent le détour) où ils sont soumis au public afin d'être améliorés par les suggestions. De la création interactive quoi!

Sur son site, Amazon nous assure qu'un illustre inconnu peut soumettre un projet.

S'il est choisi toutefois, l'illustre inconnu n'est pas assuré de participer à tout le processus de production de son film ou de sa série. C'est un des risques encourus, mais c'est aussi une chance formidable pour quelqu'un qui ne jouit pas d'un réseau de contacts à Hollywood ou à New York.

Il y a quelques années, les observateurs des médias avaient prédit que le contenu serait une denrée recherchée dans un univers où il y a de plus en plus de plateformes à alimenter. C'est ce qui est en train de se produire.

Les Amazon, YouTube, Netflix et compagnie possèdent les réseaux de distribution. Ce qui leur manque, c'est le contenu, c'est-à-dire les films, les séries, les histoires qui attireront les gens à visiter leur plateforme, à s'abonner, à consommer. D'où cette multiplication de projets novateurs.

Il n'est pas exagéré de dire qu'on assiste en quelque sorte à un second âge d'or de la télévision, une télévision web qu'on regardera de plus en plus sur des plateformes mobiles (téléphone ou tablette) ou sur notre télé intelligente (Smart TV).

Une télé plus démocratisée aussi, puisque la production semble s'ouvrir aux créateurs de tous les horizons alors que jusqu'ici, c'étaient surtout les producteurs aux poches pleines qui avaient droit de vie ou de mort sur un projet.

Qualité recherchée

Cela dit, est-ce que des projets de qualité vont émerger de tout ça? Il est trop tôt pour le dire. House of Cards a été accueilli avec enthousiasme, mais c'était un remake d'une série britannique de qualité produite avec beaucoup de moyens et mettant en vedette un acteur très connu (Kevin Spacey). Il faudra voir si les projets lancés par YouTube et Amazon seront du même calibre.

En attendant, réjouissons-nous de toutes ces innovations. Les téléphiles ne peuvent qu'en sortir gagnants.

Une femme à la tête du Monde?

Grosse surprise en France: les trois actionnaires du quotidien Le Monde ont choisi une femme, Natalie Nougayrède, pour succéder à Erik Izraelewicz, mort subitement en décembre dernier. Ex-correspondante du journal à Moscou, lauréate du prestigieux prix Albert-Londres, Natalie Nougayrède a entre autres couvert la Tchétchénie. Sa candidature a surpris les observateurs français qui misaient surtout sur deux candidats masculins, dont l'éditorialiste Arnaud Parmentier. Cela dit, le processus de sélection du Monde est compliqué et la candidature de Mme Nougayrède doit être approuvée par d'autres instances. Bref, ce n'est pas gagné pour celle qui pourrait bien devenir la première femme à diriger Le Monde.