Le mois de janvier ne marque pas un moment fort dans la vie littéraire américaine. Les libraires écoulent leurs stocks à prix réduits. Les lecteurs s'enferment avec une pile de livres reçus à Noël (ou font un effort pour les éviter). La saison des Oscars commence à monopoliser l'attention. L'assermentation d'un certain Barack Obama également.

Si 2009 commence sur l'élan de 2008, l'année promet toutefois de belles surprises au plan littéraire.

De gros noms sont attendus dans les rayons au cours des prochains mois. Philip Roth publiera The Humbling, un livre de haute voltige qui portera sur la relation entre un homme d'âge mûr et... une jeune et jolie lesbienne. De quoi faire jaser dans les salons de thé.

 

L'été prochain, Thomas Pynchon publiera Inherent Vice, roman dont l'action se situe à Los Angeles dans les années 60. La maison d'édition, Penguin Press, dit du livre qu'il est à la fois «un roman noir et une cavale psychédélique dans un brouillard qui marque la fin de la période de l'amour libre». Monstre sacré de la littérature américaine, Pynchon évite depuis toujours la publicité. Très peu de photos de lui ont été diffusées, et son lieu de résidence n'est connu que d'un cercle restreint d'amis et de collègues. La publication de son livre risque d'être un moment fort sur la scène littéraire.

D'ici là, c'est la traduction anglaise du livre 2666 de l'écrivain chilien Roberto Bolaño qui accapare l'attention. Mort en 2003 à l'âge de 50 ans, Bolaño est considéré comme l'un des plus grands auteurs sud-américains de notre époque

Son livre, qui vient d'être traduit en anglais, raconte l'histoire de meurtres impunis qui se déroulent dans les régions frontalières du nord du Mexique. Un univers glauque, qui a été comparé à celui des romans de Cormac McCarthy ou des films de David Lynch.

Cet ouvrage de près de 1000 pages est, de l'avis de nombreux lecteurs, très ardu à absorber. Le site web du magazine The New Yorker a d'ailleurs nommé le mois de janvier le «mois national de la lecture de 2666», histoire de créer un mouvement populaire autour de l'oeuvre, souvent citée comme l'une des plus importantes parues l'an dernier.

J.K. Rowling et Stephenie Meyer n'ayant rien à nous proposer de neuf cette année, il n'y a aucune excuse pour ne pas prendre le temps de se plonger dans Bolaño...

Année de compressions

Les États-Unis commencent l'année 2009 sous le signe du ralentissement économique, et le monde de l'édition n'y échappe pas. Plusieurs éditeurs ont déjà annoncé qu'ils allaient couper des postes, geler des salaires, ou les deux. C'est le cas des plus grands noms de l'industrie: HarperCollins, Penguin Group, Random House et Simon & Schuster.

Les années de luxe et d'excès semblent terminées dans le monde de l'édition aux États-Unis. Le New York Times rapportait récemment que Simon & Schuster avait annulé son party de Noël, alors que celui d'une division de Random House a eu lieu dans une cafétéria, où l'on servait de la bière et des pizzas.

Anecdote révélatrice: l'automne dernier, l'éditeur Macmillan a organisé une rencontre pour ses clients et associés dans un hôtel chic de San Diego. Des massages étaient offerts, tout comme des séances de dégustation de vins rares.

En 2009, le même événement aura lieu sur le web. Les participants pourront communiquer entre eux par webcam...

Les grands éditeurs américains aimaient vivre dans la même stratosphère que les financiers de Wall Street. En 2009, les deux groupes continueront de respirer le même air - les pieds désormais plantés sur le plancher des vaches.