C'est le best-seller de l'été en France. La tresse, premier roman de la cinéaste et actrice française Laetitia Colombani, fait un tabac depuis sa sortie, en mai dernier. Traduction dans une vingtaine de langues, 150 000 exemplaires vendus, prix Relay des voyageurs-lecteurs quelques semaines après sa sortie... On ne sera pas étonné s'il se retrouve sur les écrans de cinéma dans un avenir proche.

Car on sent très bien la cinéaste derrière les mots de Laetitia Colombani. Son récit est découpé comme un film: trois femmes sur trois continents doivent affronter une grande épreuve pour se libérer de leurs chaînes. En Inde, Smita, une intouchable, veut offrir un meilleur destin que le sien à sa fille. En Sicile, Giulia doit sauver le commerce familial de fabrication de perruques. À Montréal, Sarah, atteinte d'un cancer du sein foudroyant, doit se battre pour défendre sa dignité et sa vie. Trois histoires bien personnelles qui deviennent universelles. Trois femmes qui doivent faire preuve de courage pour construire une nouvelle vie.

En entrevue sur les ondes de RTL, l'auteure a confié que l'idée de son roman avait été inspirée par sa meilleure amie, atteinte d'un cancer du sein. Cette amie, à qui le livre est dédié, lui avait demandé de l'accompagner pour l'achat d'une perruque. «Elle a essayé des perruques d'abord synthétiques, puis une perruque en cheveux humains, en cheveux indiens, qu'elle a achetée, a raconté l'auteure. Je me suis dit que ces cheveux avaient connu une espèce d'odyssée incroyable [...]. Je me suis dit: il y a un sujet.»

La tresse ressemble un peu à un film de Claude Lelouch, avec des destins qui s'entrecroisent et se fondent à la fin. On pense aussi aux premiers films d'Iñárritu comme 21 grammes et Babel.

La tresse n'est pas sans défaut: on voit la fin venir, les personnages de Sarah et de Giulia manquent un peu de profondeur, et la romancière n'évite pas certains clichés.

Cela dit, on ne lâche pas La tresse facilement. Le récit est bien mené et très prenant, surtout la partie qui se déroule en Inde. L'exotisme des lieux y est sans doute pour quelque chose, mais il y a aussi la situation inhumaine imposée aux femmes intouchables qui nous bouleverse et nous révolte.

L'écriture de Colombani est punchée, le récit, bien découpé. La tresse ne sera sûrement pas son dernier roman.

* * * 1/2

La tresse. Laetitia Colombani. Grasset. 222 pages.

Image fournie par Grasset

La tresse, de Laetitia Colombani