Pour son premier roman, Mathieu Latour s'est imposé un incroyable défi: raconter une vie semblable à des milliers d'autres. L'homme imaginé par l'auteur s'appelle Hugo Savard: homosexuel, solitaire et aigri, Hugo a l'impression d'avoir tout raté de sa vie, par peur justement de vivre, peur de sa sexualité, des autres...

Pour relater la vie de cet homme qui s'enfonce dans la dépression, il y a Daphné, sa fille adoptive, qui entreprend avec Hugo une tournée des lieux significatifs de son passage sur Terre.

Le roman est donc une longue suite d'allers-retours entre les principaux épisodes de la vie de cet homme, de sa naissance en 1975 à l'an 2048, alors qu'il a choisi de finir ses jours dans un sinistre CHSLD.

Oui, c'est un peu maladroit et parfois lourd, et le prétexte trouvé pour relater ainsi l'histoire est peu plausible. N'empêche que c'est bien écrit, qu'on s'attache à cet Hugo qui nous ressemble et qu'on lit en filigrane l'histoire de l'homosexualité des 50 dernières années au Québec. C'est aussi un incroyable hymne à l'amitié. Et un appel à tous: vivez. Vraiment.

* * * 1/2

L'homme de travers. Mathieu Latour. Textes et contextes, 294 pages.