Boréal semble fonder beaucoup d'espoir en l'auteur de Charlotte before Christ, roman au langage cru qui avait polarisé la critique en 2012. Son nouvel opus était donc attendu, mais inutile de tourner autour du pot: après être passé de mains en mains dans la salle de rédaction, le nouveau-né a été scrupuleusement examiné par trois paires d'yeux. Mais dans ces derniers, à l'unanimité, ne put se lire que... de la déception.

Non, il ne fut pas tâche facile que d'adhérer à ce récit au cours duquel deux acolytes, cerveaux d'une entreprise d'espionnage asséchant la soif de voyeurisme d'intérêts privés et fortunés, se retrouvent empêtrés dans une toile d'embarras - portant, en son centre, l'irrésistible nymphe Elsa, chanteuse vedette du web mariée à un richissime vieillard.

Si le phrasé, l'écriture torturée et les références aux réseaux sociaux seyaient à l'histoire adolescente de Charlotte before Christ, leur résonance semble tout autre une fois appliqué à ce roman versant dans l'action et l'intrigue, aux faux airs de superproduction hollywoodienne.

On ne peut certes pas jeter la pierre à un (jeune!) auteur porté sur l'expérimentation; mais dans la voie empruntée par Amanita virosa, la greffe littéraire ne prend pas.

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Amanita virosa. Alexandre Soublière. Boréal, 308 pages.