Désirée Frappier écrit, Alain Frappier dessine. Tous deux publient depuis 2012 des bandes dessinées singulières sur la lutte contre le colonialisme, la précarité dans les années Mitterrand... Et souvent d'un point de vue autobiographique, pour qu'on saisisse bien à quel point ces «larges» questions ont des incidences dans nos «petites» vies.

Leur troisième album, véritable roman graphique, aborde un sujet délicat à plus d'un titre: les vives luttes menées en France pour le droit à l'avortement, entre 1970 et 2014. Oui, mais quel intérêt pour les Québécois? Ou pour quelqu'un que la question n'intéresse pas?

Un très grand intérêt. Parce que Le choix raconte d'abord et avant tout l'histoire de Désirée elle-même, qui ne l'a pas été, désirée par ses parents.

Abandonnée, négligée, convaincue que tout est de sa faute, la petite fille va peu à peu découvrir à quel point les «mariages forcés», les maternités répétées, l'absence de contraception et les avortements dans des conditions innommables ont des conséquences sociales et personnelles terribles.

Un traitement graphique inventif permet de passer du fil autobiographique à des témoignages de militantes et de médecins, à des documents d'époque, etc. Étonnant et touchant. Engagé et engageant.

* * * 1/2

Le choix. Désirée et Alain Frappier. Éditions La ville brûle, 120 pages.