À l'heure où la notion de transparence et de vie privée est débattue dans toutes les sphères étatiques et gouvernementales, le nouveau roman de Benoît Duteurtre (retenu dans les huit romans de la deuxième sélection du prix Goncourt) fait écho à nos pires angoisses d'internautes soucieux de préserver leur intimité.

Cette satire cinglante de la modernité s'inspire ouvertement des scandales de WikiLeaks et de la NSA, dans un monde où le cloud a pris une place démesurée et où même le paradis, caricature tordue de notre perception du bonheur, est lui aussi dicté par la technologie.

Simon Laroche, haut fonctionnaire cynique et arrogant, devient victime de l'acharnement des réseaux sociaux après la diffusion non autorisée d'un commentaire controversé... alors qu'il est lui-même expert en libertés publiques.

En parallèle à sa descente aux enfers professionnelle, le «grand dérèglement» qui survient - sorte d'apocalypse technologique - cause une violente commotion à l'échelle planétaire et menace l'ordre établi.

Malgré quelques digressions bureaucratiques qui auraient mérité d'être évitées, ce roman un brin fantaisiste incite à la réflexion sur un ton léger en jetant un regard critique sur notre évolution sociale et virtuelle.

* * * 1/2

L'ordinateur du paradis. Benoît Duteurtre. Gallimard. 213 pages.