En 2013, le Québécois Louis Carmain nous avait jeté à terre par la qualité de son écriture dans son premier roman, Guano, ouvrage picaresque et rabelaisien campé dans les années 1860, à bord d'un bateau espagnol en route pour le Pérou!

Dans ce second roman, l'écrivain démontre que son écriture peut être aussi flamboyante, étourdissante, souple, sensuelle et ludique lorsqu'il s'agit de relater des périples et amours plus contemporains.

Bunyip se déroule en 1980 quelque, avec pour héros un photographe-reporter de Tasmanie, une militante de Taïwan, des guérilleros de l'île d'Arawa, etc., dont les gestes et les émotions sont par ailleurs commentés par un narrateur mordu d'autodérision.

Si l'imagination ne fait pas défaut, ce n'est pas par l'histoire que Carmain se démarque, mais bien par son style baroque, où toutes les ressources du français semblent mises à contribution.

Or, cette écriture foisonnante perd hélas un peu de sa force, tant l'histoire, alambiquée, est cette fois plombée par les nombreux revirements et errements de toutes sortes. N'empêche, Carmain est un cas à part, un souffle étonnant, un virtuose qui pratique l'écriture comme s'il s'agissait du sixième de nos sens.

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Bunyip. Louis Carmain. L'Hexagone. 272 pages.