Dans Aux portes de l'éternité, dernier tome de sa trilogie Le Siècle (le vingtième!), Ken Follett traite du mur de Berlin, de l'assassinat de Kennedy, des camps de détention de Sibérie, mais aussi de sexe, de drogue et de rock'n'roll! C'est que le livre se déroule entre 1961 et 1989, en un «résumé» de plus de 1200 pages trépidantes, historiques et romanesques tout à la fois.

Les lecteurs des deux premiers tomes de la trilogie (La chute des géants, 1911-1924 et L'hiver du monde, 1933-1949) en feront vite le constat en plongeant dans le dernier pan de la trilogie du célèbre écrivain gallois: le rythme des choses va en accélérant à la vitesse grand V. C'est donc à une foule encore plus importante d'événements, de personnages historiques, de conflits, de revirements que nous sommes confrontés - une chance que nous en connaissons certains, la majorité des lecteurs étant nés au moins au moment de la chute du Mur, qui conclut ce tome!

Or, comme les rapports entre hommes et femmes évoluent eux aussi très vite en cette fin de siècle, c'est aussi le livre le plus romanesque - et même sentimental - de Follett, avec plusieurs histoires d'amour, torrides, déchirées et franchement invraisemblables par moments.

Les familles de la trilogie

Tout comme les deux précédents tomes, Aux portes de l'éternité peut se lire seul. Mais c'est celui qui gagnera le plus à être lu dans l'ordre de publication. Car il faut déjà être attaché aux cinq familles fictives de la trilogie, autour desquelles gravitent les événements historiques, pour pleinement l'apprécier: c'est parce que les familles Dewar (États-Unis), Leckwith-Williams (Angleterre), Franck (Allemagne), Dvorkine-Pechkov (Russie) nous sont déjà «proches» que certaines émotions surgissent, tant les événements se précipitent dans ce troisième tome.

Et la cinquième famille, alors? Non, ce n'est plus celle des Gallois Leckwith (tome 1) ni des Autrichiens von Ulrich (tome 2), mais bien celle de l'Afro-Américain George Jakes: sa présence permet à Follett d'aborder en profondeur la question de la ségrégation aux États-Unis, la démarche non violente de Martin Luther King, les Black Panthers, etc. Ce pan de notre histoire aura d'ailleurs un écho jusqu'à la toute dernière page de l'énorme ouvrage. De même que... le rock, qui vient en quelque sorte alléger le rythme effréné de ce livre, dont on sort un brin étourdi, mais aussi épaté, instruit et ému.

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Aux portes de l'éternité. Ken Follett. Robert Laffont. 1220 pages.